Comme vous, je me croyais à l'abri. La violence conjugale était l'affaire des autres. Je n'avais pas été une enfant battue, je n'étais pas issue d'une famille défavorisée, j'achevais même mes études de psychologie, de quoi comprendre les mécanismes de la perversion. Pourtant, sans m'en rendre compte, je me suis laissée prendre au piège. Par amour, j'ai toléré l'inacceptable. Pendant quatre ans, j'ai accepté de vivre sous la coupe d'un homme violent, j'ai accepté, ses coups, ses codes jusqu'à les faire devenir miens.
J'ai partagé mon lit et ma vie avec une seconde femme, ignoré ma famille, rejeté mes amis, vidé mon compte en banque pour le satisfaire, pour ne plus avoir peur, pour ne plus avoir mal, pour éviter ses poings. Après quatre ans de silence, de honte et de soumission, à peine relevée mais vivante, il me fallait témoigner : la violence n'a pas de catégorie sociale, pas de règles, pas d'histoire toute faite, juste des victimes.