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Cette évidence de bon sens qui veut que la musique et la scène soient consubstantielles dans le Théâtre Lyrique, qu'elles opérent nécessairement en symbiose, cette évidence dit aussi, en un double sens, que leur union n'est nullement évidente par elle-mime, qu'elle est pour l'une et l'autre un problème. Les esquisses théoriques qui composent cet essai témoignent donc d'une double préoccupation Extraire la puissance latente d'un schème apparemment impossible à atteindre : le lien singulier entre événement et vérité, entre musique et scène représentationnelle, que Wieland Wagner sut nouer pour la première fois dans l'histoire du Théâtre Lyrique.
Car tel fut l'enjeu, pour lui, de montrer que la jonction non cumulative entre l'image scénique et la musique ne désavoue pas la réalité d'une fiction narrative, mais implique une transformation spécifique de l'espace scénographique pour exposer la représentation à la "vision simultanée" d'une "mise en scène spirituelle exacte" (Mallarmé). Lancer un défi à la mémoire, a ses pouvoirs de sélection, de dissociation et de distorsion, non pas pour parler au nom de Wieland Wagner, mais - suivant la démarche dont se réclame Gilles Deleuze dans La vie comme oeuvre d'art - pour "tracer une transversale, une diagonale qui irait forcément de lui à moi (je n'ai pas le choix), et qui dirait quelque chose de ses buts et de ses combats comme je les ai perçus".