Si ce livre se donnait comme projet de répondre à la question : qu'est-ce qu'être écoféministe? Alors, pari tenu! Et de la plus belle des manières! Jeanne Burgart-Goutal réussit en effet à faire de son livre une introduction vivante et critique à l'écoféminisme, que l'on pourrait grossièrement résumer comme un mouvement d'idées et de pratiques qui considère que "l'oppression des femmes et la destruction de la planète ne sont pas deux phénomènes distincts, mais deux formes de la même violence" (Mary Judith Ress).
Vivante car l'auteur nous emmène dans son propre voyage à
la découverte de ce mouvement. Voyage d'abord théorique dans les écrits et les idées des principales autrices, qui se revendiquent ou non de l'étiquette écoféministe, depuis les débuts du mouvement dans les années 1970 jusqu'à aujourd'hui (Françoise d'Eaubonne, Maria Mies, Vandana Shiva, ...). Voyage, ensuite, sur le terrain des pratiques écoféministes dans divers lieux, en France et dans le monde, se revendiquant de l'écoféminisme.
Cette introduction est aussi critique, au sens de "faire le tri", dans la mesure où l'autrice rend bien compte de la richesse et de la complexité du mouvement, aussi bien, encore une fois, au niveau théorique que pratique. La formation philosophique de l'autrice lui permet d'appréhender cette richesse et cette complexité toujours de manière lucide et nuancée : avec pédagogie, les idées principales de l'écoféminisme sont restituées de manière claire et dans toutes leurs nuances ; les critiques externes habituellement adressées au mouvement sont décortiquées en regard des écrits fondateurs et des pratiques de terrain ; ces écrits et ces pratiques sont eux-mêmes sans cesse mis en regard et confrontés.
Finalement, si l'écoféminisme peut paraître fantaisiste à certains égards, ce qui compte, selon Jeanne Burgart-Goutal, "ce n'est pas la prétendue "scientificité" du discours mais la force symbolique, la puissance de mobilisation, la portée heuristique, l'appel de nouvelles contrées et de nouveaux imaginaires". Car le but de l'écoféminisme est bien de "changer de paradigme" pour faire advenir "un autre monde" où toutes les formes d'oppression seraient abolies.
Conclusion qui doit d'autant plus être soulignée qu'avec le revival de l'écoféminisme ces dernières années, une partie du mouvement a été récupéré par le "nouvel esprit du capitalisme" donnant naissance à un écoféminisme dépolitisé et "instagrammable". Il est donc important de rappeler qu'à l'origine, et c'est peut-être là l'aspect le plus intéressant du mouvement, l'écoféminisme s'est construit comme une critique du capitalisme patriarcal, du néo-colonialisme de l'économie globalisée et du réductionnisme de la technoscience moderne.
Road-trip en terres écoféministes
Si ce livre se donnait comme projet de répondre à la question : qu'est-ce qu'être écoféministe? Alors, pari tenu! Et de la plus belle des manières! Jeanne Burgart-Goutal réussit en effet à faire de son livre une introduction vivante et critique à l'écoféminisme, que l'on pourrait grossièrement résumer comme un mouvement d'idées et de pratiques qui considère que "l'oppression des femmes et la destruction de la planète ne sont pas deux phénomènes distincts, mais deux formes de la même violence" (Mary Judith Ress).
Vivante car l'auteur nous emmène dans son propre voyage à la découverte de ce mouvement. Voyage d'abord théorique dans les écrits et les idées des principales autrices, qui se revendiquent ou non de l'étiquette écoféministe, depuis les débuts du mouvement dans les années 1970 jusqu'à aujourd'hui (Françoise d'Eaubonne, Maria Mies, Vandana Shiva, ...). Voyage, ensuite, sur le terrain des pratiques écoféministes dans divers lieux, en France et dans le monde, se revendiquant de l'écoféminisme.
Cette introduction est aussi critique, au sens de "faire le tri", dans la mesure où l'autrice rend bien compte de la richesse et de la complexité du mouvement, aussi bien, encore une fois, au niveau théorique que pratique. La formation philosophique de l'autrice lui permet d'appréhender cette richesse et cette complexité toujours de manière lucide et nuancée : avec pédagogie, les idées principales de l'écoféminisme sont restituées de manière claire et dans toutes leurs nuances ; les critiques externes habituellement adressées au mouvement sont décortiquées en regard des écrits fondateurs et des pratiques de terrain ; ces écrits et ces pratiques sont eux-mêmes sans cesse mis en regard et confrontés.
Finalement, si l'écoféminisme peut paraître fantaisiste à certains égards, ce qui compte, selon Jeanne Burgart-Goutal, "ce n'est pas la prétendue "scientificité" du discours mais la force symbolique, la puissance de mobilisation, la portée heuristique, l'appel de nouvelles contrées et de nouveaux imaginaires". Car le but de l'écoféminisme est bien de "changer de paradigme" pour faire advenir "un autre monde" où toutes les formes d'oppression seraient abolies.
Conclusion qui doit d'autant plus être soulignée qu'avec le revival de l'écoféminisme ces dernières années, une partie du mouvement a été récupéré par le "nouvel esprit du capitalisme" donnant naissance à un écoféminisme dépolitisé et "instagrammable". Il est donc important de rappeler qu'à l'origine, et c'est peut-être là l'aspect le plus intéressant du mouvement, l'écoféminisme s'est construit comme une critique du capitalisme patriarcal, du néo-colonialisme de l'économie globalisée et du réductionnisme de la technoscience moderne.