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Quarante-deux nouvelles, c'est beaucoup, dites. Elles sont toutes assez courtes. J'y ai veillé. Elles parlent toutes de la mort. Durant le temps de l'écriture, mon clown intérieur hibernait. Je voulais de l'intense. Approcher mes petits pions littéraires de l'idée de la limite. J'avais aussi à coeur d'être avec l'homme là où il est abandonné, quand le fil se rompt. Je voulais m'écarter de l'époque qui, par hygiénisme et par angoisse, congédie la mort.
Je voulais visiter, en concevant et en mandatant des émissaires fictifs, ce lieu d'avant le dévalement, la chute, le néant, la délivrance ou l'envol, au demeurant. Je voulais un peu penser l'extrême, l'ultime instant, envoyer mes personnages au charbon de l'extrême. Je voulais sans doute, à travers ce recueil, insuffler de l'espérance, du doute, de la compassion, de l'effroi et cette si nécessaire impression de déséquilibre et d'obstacle, de vertige peut-être, de nature à mettre en pièces le périlleux confort d'exister.
J'avais à coeur de communiquer un entrain à vivre. Envie de mettre en évidence, sous le marteau absurde de l'impondérable, le délicat cristal de l'existence. Quarante-deux nouvelles. Pendant quarante-deux heures, quand elle aura bu la fiole de potion que lui remettait le frère Laurent, la Juliette de Shakespeare et de Roméo entrera dans un sommeil présentant l'apparence de la mort.