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Avant, explique Andrée Michel, je me disais pacifiste. Aujourd'hui je préfère me déclarer antimilitariste pour signifier mon opposition à toutes les opérations menées pour promouvoir la production et la vente d'armements. Tel est l'engagement intellectuel et militant de la sociologue Andrée Michel, l'une des rares féministes françaises à travailler sur l'articulation du pouvoir d'Etat avec le complexe militaro-industriel : impulsée par les économistes américains dans les années 1960, l'expression souligne combien la croissance est tributaire de l'industrie de l'armement.
Andrée Michel développe l'analyse en y introduisant les dimensions de la classe et du sexe, ce qui l'amène à qualifier le complexe militaro-industriel de formation sociale aggravée du patriarcat. Ce modèle a pour conséquences inéluctables une extension des conflits armés et une augmentation des pauvretés qui frappent hommes et femmes, mais stigmatisent durablement les secondes. La militarisation est le produit d'une culture de guerre propre à cette politique du genre qu'est la domination masculine.
Composé de deux parties, La guerre contre les femmes et Résistances féministes, ce recueil associe aux articles scientifiques des communications dans des conférences internationales. Andrée Michel nous y fait partager son admiration pour les femmes qui ont décidé de définir elles-mêmes leur propre sécurité dans le contexte de la guerre, notamment en Colombie. Sociologue, Andrée Michel est l'une des pionnières des études sur le rôle et la place des femmes dans la famille, au travail et dans la société.
Entrée au CNRS en 1948, elle adopte très vite une position féministe qu'elle associe à la prise en compte des inégalités de race et de classe. Fondatrice de l'équipe CNRS sur le rôle des sexes, elle est membre de l'Association internationale de sociologie. Ses nombreuses publications connaissent un rayonnement considérable à l'étranger.