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Les rapports entre les deux figures de Fénelon (1651-1715) comme pasteur et écrivain sont complexes. Les fonctions assumées par lui-même, le prédicateur, le précepteur, l'écrivain spirituel et l'archevêque, traversent divers champs comme la rhétorique, la pédagogie, la spiritualité et la théologie. Ces fonctions, qui ne s'excluent pas mais se superposent, permettent de comprendre la dynamique des pratiques d'écriture et de publication de Fénelon.
Celui-ci apparaît comme un cas singulier du clergé de France qui connaît les mutations dans l'usage de l'imprimé tout au long du XVIIe siècle. Dès la révocation de l'édit de Nantes, il élabore dans ses ouvrages une méthode originale d'instruction catéchétique et de controverse, tant sur le plan argumentatif que sur le plan stylistique. Sa nomination comme précepteur du duc de Bourgogne le conduit d'une part à poursuivre la réforme du monde à travers la formation d'un prince chrétien, et d'autre part à s'ériger en écrivain spirituel à la cour.
C'est pour défendre sa dignité de pasteur que Fénelon multiplie ses manuscrits au moment des conférences d'Issy et ses imprimés lors de la querelle du quiétisme. Ces expériences polémiques, facilitées aussi par le statut particulier de l'archevêque de Cambrai, servent de matrice à sa lutte contre le jansénisme au début du XVIIIe siècle. Son utilisation de la littérature pastorale marque un tournant décisif dans l'histoire du catholicisme, en ce que les enjeux philosophiques et apologétiques y occupent une place de premier plan.