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Exécutée à la seizième année du règne de Kangxi, cette oeuvre remarquable, la plus vaste réalisée par l'artiste, tient à la fois de la peinture, de la calligraphie et de la poésie. Sujet principal de la composition, les lotus sont dessinés avec une grande économie de moyens : larges traînées noires pour les feuilles, fins contours pour les boutons la superposition des lavis d'encre leur octroie néanmoins beaucoup de présence et d'intensité.
A mesure que l'on avance dans le tableau, la luxuriance des fleurs au bord de l'eau laisse place à un paysage rude d'arbres morts et de pierres éparses, que le peintre restitue très habilement en associant des traits épais et droits à d'amples vides glacials. Le contraste entre les eupatoires et les bambous, brossés avec de courts coups de pinceau clairs, et la mousse sur les rochers, figurée par de petits points foncés, accentue la gravité et la profondeur de la scène.
Tout à droite, le torrent dévalant la colline semble vouloir rappeler au spectateur la vie pleine d'infortunes et de souffrances qui fut celle de Badashanren.