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A sept ans, Mai Lam Nguyen-Conan est arrivée en France
avec sa famille en tant que réfugiée politique. Comme bon
nombre de Vietnamiens, elle incarne le modèle d'intégration à
la française, "la bonne élève" que l'on distingue, et qui n'oublie
pas de remercier la France. Pour se fondre dans la masse, elle
s'est appliquée à raboter toutes les saillances trop ethniques.
Mais le débat sur l'identité nationale, l'emploi de l'expression «
Français de souche », les dérapages récurrents des politiques
ont déclenché en elle un malaise, la renvoyant encore et
toujours à sa différence et à ce parcours semé d'obstacles, dont
les règles souvent édictées par d'autres sont sans cesse
modifiées.
Tout est revenu... Tout ce qui était de l'ordre du
refoulé... violemment... cette si belle intégration, si réussie, et
ce qu'elle masque... Les souvenirs de l'affront au quotidien, la
nécessité de paraître ce que l'on n'est pas, l'oubli même de ce
que l'on était à peine, la peur d'être rejeté ou montré du doigt,
le sourire toujours prêt et ce "pardon, excusez-moi", toujours
dégainé, la tête baissée...
Pour raconter son histoire, la
construction complexe de son identité plurielle, Mai Lam,
comme Nathalie Sarraute dans Enfance, s'adresse à un double
qu'elle tutoie et qui la rudoie : Ne commence pas à vouloir
faire tant de bruit... C'est normal que ce soit à toi de faire des
efforts ! Un très beau récit introspectif qui pose la question de
"l'impossible intégration", impossible quand le discours
emprunte à l'amour ses illusions.
Je les ai trop aimés, ces
Français, et sûrement mal aimés... Etait-ce de l'amour, cette
soumission ?