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François Augièras était un écrivain et un peintre primitif, né à Rochester aux Etats-Unis et décédé en Dordogne à l'age de 46 ans (1925-1971). Il voulait accéder au réel, au monde d'avant nous les êtres humains dits civilisés venus pervertir cet accès au réel de ce monde. Ainsi ce réel prit-il la figure de l'Autre comme l'Univers-divin auquel il dédia, au-delà de son amour, la jouissance de son être.
Pour atteindre ce monde, il voulait s'extraire de la lumière grise de l'Europe, incarnée par Paris qu'il détesta dès son enfance, pour atteindre une lumière d'une lucidité transcendantale. Il décida de s'absenter du monde des humains, se réfugia dans le désert d'El Goléa, inspiration de son livre remarqué "Le vieillard et l'enfant" puis en fin de vie dans sa grotte de Domme où il écrivit "Domme ou l'essai d'occupation".
Cette Clarté de la Lumière Primordiale, il la rencontra par la voie de l'éveil et de l'absence de soi. Tout comme le rocher qui le fascinait tant, il lui fallait atteindre une immobilité de pierre pour pouvoir écouter, en lui l'homme solitaire, le silence. Cette immutabilité de la roche est celle qu'il ne cessait d'embrasser dans cette expérience de Domme, afin d'y trouver son énergie. C'est en ce lieu-là qu'il décida de conclure sa transformation.
Il cherchait en lui -comme en témoigne son "oeuvre-vie" - la voie du réel de son instinct vital débarrassé de toute prise du parasitage de la langue de la civilisation contemporaine qu'il rejetait. Sa quête du Dieu-Univers est liée à cette énergie sans mesure qui l'impliqua jusqu'à vouloir être cet Homme Nouveau du Plan divin, qu'il devait faire naître de sa grotte. Il présentera non sans ironie ce qu'était sa vie "je suis un malheureux en hospice qui, pour compenser sa condition misérable, son rejet hors d'une société qui ne veut pas de lui, s'est "amusé" à inventer à lui tout seul une civilisation inconnue".
Alors il écrit "bien sûr cela retiendra l'attention d'un psychiatre, mais non pas celle des autorités : je n'en demande pas davantage". Voilà ce qui a retenu mon attention de psychanalyste qui suivant l'indication de Jacques Lacan à propos de l'oeuvre de Duras, n'a pas eu dans ce livre à faire le psychologue mais à saisir en quoi l'artiste ou l'écrivain précède la psychanalyse. "J'ai souhaité être le passeur de" l'oeuvre-vie" de cet artiste si libre et si singulier qui s'est hissé depuis son fameux lit de fer pour se faire cet artiste-délinquant dénudant de par ses écrits le réel auquel il avait affaire".
Philippe Lacadée