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"Chez nous, on ne parlait jamais des morts. Trop douloureux. Ainsi nous n'avons qu'assez peu d'éléments concernant Gabriel Pradal Rodríguez. Mon père, le peintre Carlos Pradal, et ses frères et soeurs, s'accordaient à dire que Kalín, c'était le surnom de Gabriel, était leur lumière et tous vouaient à l'ainé de la fratrie une profonde admiration. Je le savais poète pour avoir lu trois poèmes trouvés dans une anthologie collective de la poésie espagnole contemporaine.
Une impeccable séguidille, m'avait alors interpelé : Yo no sé lo que tienen las esperanzas qué tanto mas se cortan crecen más altas. Si me dejaran quizás también la pena se me quitara. Le destin mit récemment entre mes mains les oeuvres poétiques complètes de mon oncle Gabriel. Très vite, je pris la décision d'exhumer ces poèmes de la malle aux souvenirs, de traduire cette oeuvre vouée à l'oubli et d'imaginer une édition bilingue avec l'assentiment et le soutien précieux de sa fille Eva, que je remercie infiniment.
En pénétrant au coeur de la parole d'un Gabriel tourmenté, se sachant irrémédiablement condamné par une terrible leucémie, j'ai eu la troublante sensation de le rencontrer durant ces longs mois de travail solitaire, d'apprendre à le connaître, de le comprendre, avec ses inquiétudes et sa sensualité tellement andalouse et dépourvue de tout folklore, teintée de surréalisme parfois, avec sa liberté d'écriture, sa malice et sa modernité".
Vicente Pradal