Garden

D'un côté, un homme à la frontière entre une rupture et une nouvelle relation. De l'autre - une femme essayant de marquer sa présence dans la vie de l'homme afin de le libérer du passé toxique. D'une part, des bouquets de fleurs séchées qui n'ont jamais atteint le destinataire renaissent, créant une chance pour une nouvelle vie ensemble. De l'autre, les vases vides imposent une forme plus ou moins polie à cette vie, l'inscrivant dans certaines conventions.
Comme l'écrit François Cheval dans l'essai qui accompagne la publication : "Un corps en quête de sa propre reconstruction, c'est ce que Marta Zgierska et Mateusz Sarello nous invitent à considérer. Malgré le retrait du visage, malgré l'anonymat, la dispersion résultant du démembrement ne nous dit pas qu'il a disparu. Les nombreux détails disposés en bouquets placent, par contraste, cette expérience singulière comme fondatrice d'un nouvel horizon.
Dans cet étrange Garden, la composante fantastique et surréaliste fait de ce récit photographique court et trapu une tragi-comédie du corps. La photographie, et c'est une de ses rares qualités, a la capacité de modeler la chair, d'en faire un incident dionysiaque. A l'agitation du monde réel, le médium oppose une violence symbolique et grotesque en explorant des formes nouvelles et surprenantes. Marta Zgierska et Mateusz Sarello espèrent-ils qu'une fin heureuse puisse naître de ce collage monstrueux, qu'un avenir radieux puisse être reconstruit ? Et comment les détails d'un corps, vécus au quotidien comme vécus dans le plaisir, peuvent-ils se transformer en événement fondateur, au-dessus des décombres de la morbidité passée ?