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Jean Genet voit le jour en 1910, de père inconnu. Sa mère, Gabrielle, sept mois après, l'abandonne. Très tôt Genet rencontra ainsi l'abjection. Entre 1942 et 1947, il écrit tous ses romans, tous ses poèmes, et deux pièces de théâtre : Haute surveillance, Les Bonnes. Puis, pendant une longue période de six ans, Genet se tait (ou presque). Il traverse une « crise grave », comme disent ses biographes.
C'est seulement en 1955 qu'il retrouve sa créativité. En l'espace de deux ans, il écrit ses trois longues pièces : Le Balcon, Les Nègres, son chef-d'œuvre : Les Paravents et ses deux plus percutants essais : L'Atelier d'Alberto Giacometti et Le funambule. En 1961, seront disponibles pour le public Les Paravents longuement repris et modifiés. Ils seront la dernière œuvre publiée par Genet de son vivant.
Il mourra, vingt-cinq ans plus tard, en avril 1986. De façon posthume sera publié Le Captif amoureux.
Le théâtre de Genet n'est pas un ; il y a les pièces d'avant sa crise grave et celles d'après. Tous les biographes et commentateurs de Genet sont d'accord : ce silence des années 1949-1955 est essentiel. C'est la fin du premier Genet – le Genet des fictions autobiographiques, le Genet esthète et dandy – et le début d'un autre : le Genet dramaturge et théoricien (de l'art, du théâtre) – c'est le Genet « clochard supérieur », le Genet anéanti dans son travail et requérant le strict anonymat, le Genet défenseur des causes perdues.
C'est ce Genet multiple que ce livre, voulu bref et vif, a vocation à faire surgir derrière les imageries trop souvent attachées à sa personne.