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"Le premier héros que je rencontrai hors d'un livre était coureur cycliste". C'est par ces mots que Georges Magnane introduit son roman Les Hommes forts, publié à la NRF, en 1942. Il y évoque sa rencontre avec le sport et, en filigrane, sa fascination inaltérable pour les corps robustes que l'on croise à travers l'athlétisme, le rugby, l'aviron ou la lutte. Né en 1907 à Neuvic-Entier en Haute-Vienne, dans un petit hameau où la vie était rythmée par les saisons et les travaux agricoles, René Catinaud - de son vrai nom - réalise un beau parcours scolaire et décroche, après des études à Paris et à Oxford, l'agrégation d'anglais.
A la fin des années 1930, il se lance dans l'écriture de romans (L'Epée du roi, La Bête à concours, Gerbe Baude, Les Beaux Corps de vingt ans, etc) dans lesquels il revient sur sa jeunesse en Limousin et son parcours de jeune lettré révolté, tout en s'inscrivant dans le sillon des écrivains sportifs (Cravan, Giraudoux, Morand, Prévost, Kessel, Montherlant). Peu à peu, il expérimente ses talents dans le cinéma comme scénariste et critique, le théâtre, la sociologie du sport, dont il est un des pionniers en France, mais aussi la traduction de célèbres auteurs américains tels Hemingway, Nabokov, Capote, Roth et Updike.
Pour autant, cette boulimie d'activités, dont témoignent ses correspondances et relations avec divers écrivains (Jean-Paul Sartre, Raymond Queneau, Louis Aragon, Jules Romains, Daniel-Rops, Maurice Nadeau) ou ceux qui l'ont accueilli au CNRS (Georges Friedmann, Joffre Dumazedier, Roland Barthes, Edgar Morin), n'a-t-elle pas été préjudiciable à l'évolution de sa carrière et à sa notoriété ? Son parcours si éclectique n'est-il pas le reflet d'un homme partagé et constamment tiraillé entre la plume et le sport ? Ecrivain oublié, traducteur resté dans l'ombre, acteur modeste de l'histoire du sport, Georges Magnane mérite, aujourd'hui, qu'on lui rende hommage.