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Grains de sel de Philippe Mitre, poursuit son recueil précédent, Le temps qui coule. Sa vie s'y écoule, avec ses espérances, ses joies, ses soleils et ses douleurs. Le poète a récolté avec précaution les petits tas de sel qui jalonnent ses rives. Il égrène ses grains avec un art qui fait mouche, où sa poésie se goûte, s'écoute, touche à fleur de sel, celle des mines de Lorraine, des mers ou des larmes.
Au détour des pages, les mots émeuvent, frappent, brillent comme des pépites ou disent la douleur du désir et de l'absence au creux du vieux lit solitaire... Pourtant, de l'enfant seul bien trop tôt, dont le cri reste muet, à celui qui n'est plus qu'un rêve crispé aux frondaisons d'un monde qui s'achève..., Philippe Mitre ajoute à ses grains de sel, quelques baies d'humour, juste ce qu'il faut de saveur poivrée pour sourire encore, au soleil d'enfance, avec le chat qui vole et une histoire merveilleusement bête...
Martine Huot-Marchand Le temps Le temps roule sans crier gare Je le vois filer à toute allure Dans un long sifflement d'usure Sur le rail de nulle part Il est plein de visages écrasés Contre les vitres embrasées De soleils couchants et d'aurores Il traverse les pays et les saisons Laissant vides derrière lui les maisons Peu m'importe moi qui suis mort.