En cours de chargement...
Gueules d'écrivains (Fernando Ferreira / préface de Jean-Christophe Rufin) Le photographe Fernando Ferreira a deux passions : la montagne et la littérature. Il prend pour sujet deux corporations que tout oppose a priori : les grimpeurs et les écrivains. Mais il les représente avec le même talent et les mêmes moyens. Ainsi se manifeste une parenté inattendue entre les deux. Il y a d'abord, on le verra dans ces portraits, le sens du mouvement.
Ses modèles bougent et Fernando Ferreira sait capter leurs déplacements. Ils sont parfois amples, parfois presque imperceptibles. L'art du photographe est de les donner à voir. Ce qui, chez les grimpeurs, est un but en soi, la gestuelle devient chez l'écrivain le révélateur d'autre chose, l'esprit d'une oeuvre, l'inspiration, le style. Sur le fond somptueux des Calanques, dompté par le noir et blanc, le photographe nous montre des écrivains en action, jamais figés, jamais posés.
Ils sont occupés à saisir le monde autour d'eux avec la même attention que l'alpiniste lit le rocher, découvre ou invente des prises et s'en empare pour s'élever. Les auteurs que l'on verra ici sont parfois dissimulés par leurs mains, cambrés, tordus, et leur visage est toujours mu par des forces intérieures qui produisent le mouvement, l'expression. On a le sentiment de découvrir en eux une vérité intérieure qui se reflète dans leurs livres.
A cela s'ajoute un deuxième outil. Comme pour la montagne, Fernando Ferreira utilise avec art son sens aigu de l'ombre et de la lumière. Les peaux, les yeux, les mains, comme les parois de roc, changent profondément en fonction des conditions de leur éclairage. Il faut savoir à chaque fois attendre ? et saisir ? le bon moment... Voilà pourquoi les photos de Fernando Ferreira ne se contentent pas de représenter des écrivains.
Au double sens que revêt ce terme, elles les éclairent.