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Dès l'annonce de la mort de l'homme des vingt-six années, les heures de pleurs devinrent mystérieusement des heures d'injures ; la morale et l'amour de la patrie cédèrent la place à une vaste campagne de diffamation et de mensonges éhontés ; les pleureurs devinrent subitement des rieurs. La métamorphose fut si rapide qu'on eût cru à une véritable irruption de djinns auprès de la population pour changer tout, d'un coup de baguette magique.
Nous étions pâles, consternés de voir tout ce qui se passait ; doucement, nos petites causeries se transformaient en petit silence à la terrasse ; seule la rue principale était occupée par des véhicules transportant la population en liesse qui fêtait la mort de l'homme des vingt-six années. Aussi, étions-nous devenus sceptiques... Par ailleurs, la décision d'interdiction d'une chanson traditionnelle fut lue sur le petit écran de la télévision nationale.
La mesure était donc officielle. C'était une première dans l'histoire d'un pays : "l'interdiction d'une chanson traditionnelle par la plus haute instance de décision du pays, cela mérite plus de commentaires qu'on ne se l'imagine ", disait-on. Après la campagne d'incinération, ce fut donc celle de la récupération.