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Modèle accompli du " bourgeois gentilhomme ", le secrétaire du roi est demeuré l'archétype de la réussite sociale en France au siècle des Lumières. Par delà l'anoblissement juridique, les commissaires des guerres de la Maison du roi relèvent d'un autre modèle d'ascension de la bourgeoisie vers la noblesse, celui de l'" ennoblissement ", conçu comme l'assimilation d'un mode de vie et de valeurs aristocratiques, dans la recherche d'une fusion avec la société militaire.
Officiers de plume chargés des revues de subsistance des troupes, les commissaires des guerres se situent, en effet, à un carrefour social privilégié, au confluent de la noblesse et du tiers état, à la charnière des sociétés civile et militaire. Etayée par un remarquable dictionnaire prosopographique, l'étude proposée ici rend compte des aspirations convergentes de ce groupe au recrutement hétérogène, en appréhendant ses composantes sociales, économiques et culturelles, en elles-mêmes mais aussi au sein des hiérarchies des différentes élites.
La Maison du roi forme, à cet égard, un excellent microcosme du second ordre et donne un exemple frappant de la transposition étroite de la hiérarchie sociale au sein de la hiérarchie professionnelle. Ne laissant qu'une place très réduite à la formation de dynasties et excluant toute endogamie professionnelle, cette élite de second rang formait le creuset d'une dynamique sociale lente, où la réussite de l'ascension était conditionnée par la stratégie matrimoniale des familles et restait étroitement tributaire de la fortune héritée.
Ainsi le parcours séculaire de ces cent sept familles, d'" hommes nouveaux " pour la plupart, invite-t-il à enrichir mais aussi à nuancer la définition triomphante du bourgeois gentilhomme, telle qu'elle avait été façonnée sur le modèle si emblématique du secrétaire du roi.