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Ils rêvaient d'un humanisme universaliste, d'une cité idéale, de fraternité entre les peuples, de bonheur du genre humain, mais ils étaient également de leur temps, de leur culture, de leur patrie. Au début du XXe siècle, les francs-maçons du monde oscillaient entre cette double fidélité : l'amour de l'humanité et l'amour de la patrie. Avant la guerre, l'optimisme philosophique maçonnique croyait impossible un conflit généralisé entre Etats civilisés.
Pour l'éviter, les maçons furent nombreux à s'investir dans le mouvement de la paix par le droit, mais les rapprochements des maçonneries de pays antagonistes furent difficiles. Lorsque le conflit éclata, Hiram marcha au canon, et, sauf à la marge, les maçons s'inscrivirent jusqu'à la fin dans l'Union Sacrée. La violence du conflit fut telle qu'on en vint même à nier à celui de l'autre côté de la tranchée la qualité de frère, même si des exemples de fraternisation entre maçons ennemis sont cités.
Ce fut également le retour des loges militaires, notamment en Allemagne et au Royaume-Uni et des loges de prisonniers. La Grande Guerre fut aussi le tombeau d'Hiram. Souvent officiers et sous-officiers, les maçons sont surreprésentés parmi les victimes et les blessés : un maçon mobilisé sur neuf sera tué. Dans l'après-guerre, obédiences et loges étaient dominées par les anciens combattants. La guerre finie, chacun retourna à son roman national : isolationnisme nord-américain, revanche allemande, autoritarisme italien.
Néanmoins, la majorité des maçons européens mit ses espoirs dans la Société des Nations. Dans l'esprit de Genève fut créée l'Association maçonnique internationale (AMI), principalement animée par la franc-maçonnerie latino-méditerranéenne. Espoirs de courte durée. Mars et Bellone préparaient des nuées bien pires encore.