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La ville de Calais, par malheur, n'a pas encore trouvé d'historien digne de son passé. Si sévère que fut cette appréciation, elle n'était que trop justifiée, et je crains qu'elle ne reste vraie, même si je parviens à mener à bien le long travail dont je livre aujourd'hui au public les premiers résultats. Le passé de Calais est, en effet, si glorieux, son nom apparaît si souvent et si intimement uni à tant d'événements importants de l'histoire de France et de l'histoire d'Angleterre que, pour retracer comme il conviendrait le passé d'une telle cité, il faudrait joindre, aux qualités sévères que la méthode historique contemporaine exige de ses adeptes, une imagination assez forte pour évoquer les grandes scènes qui se déroulèrent à l'ombre de ses antiques murailles et des dons d'écrivain capables de rendre la vie aux personnages illustres qui en furent les hôtes ou les héros.
Je voudrais, cependant, essayer de réunir le plus grand nombre possible de documents que les siècles nous ont conservés et, après les avoir soumis à la critique, en tirer l'indication des faits précis qui ont eu pour théâtre ce coin de terre française, étudier les institutions et les moeurs des hommes qui y ont vécu. Ce qui m'encourage dans ce dessein, c'est la trop évidente pénurie de travaux sérieux sur la ville de Calais.
Même si je ne réussis qu'imparfaitement à accomplir ma tâche, j'aurai, je l'espère, frayé le chemin à d'autres... (extrait de l'Introduction, éd. originale de 1909).