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Etrange personnage que cet Howard Phillips Lovecraft, qui
longtemps après sa mort s'insinue toujours autant dans nos
esprits d'humains de l'époque techno-marchande. Serait-ce
parce que l'homme de Providence a pressenti ce qui nous
arriverait: la société des masses, l'effacement des identités
européennes sous les coups de boutoir de la mondialisation, la
fin de la culture et la grande solitude de l'individualisme?
Cette solitude naît de la disparition de l'ancien monde que
Lovecraft vit douloureusement et qui se traduit dans l'oeuvre
notamment par l'incapacité des personnages à rencontrer
l'Autre et à construire une communication, à tisser un lien.
Le
décor où se joue le drame ne se limite pas à la Nouvelle-
Angleterre, mythique vestige de l'Empire britannique, mais
s'étend jusqu'aux confins du cosmos. Car pour l'auteur,
l'espèce humaine n'est qu'un épisode dérisoire dans l'histoire
de l'univers, et le sort de tout un chacun une pathétique
aventure qui ne mérite pas qu'on s'y attarde. Et c'est là que
réside le grand mystère de Lovecraft, lui qui semble faire
profession du désespoir mais qui s'acharne à rédiger des
dizaines de récits et des milliers de lettres, dans une frénésie
créatrice rarement égalée.