Inflexions N°23 En Revenir ? Mai 2013

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 Collectif - Inflexions N°23 En Revenir ? Mai 2013.
Beaucoup de récits classiques font une analogie entre revenir de la guerre et revenir du pays des morts. Ulysse visita le devin Tirésias. Enée descendit... Lire la suite
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Résumé

Beaucoup de récits classiques font une analogie entre revenir de la guerre et revenir du pays des morts. Ulysse visita le devin Tirésias. Enée descendit aux Enfers pour visiter son père. France Marie Frémeaux compare les textes. Elle s'appuie sur le personnage d'Orphée pour décliner ce processus de retour chez des artistes anciens combattants de la Première Guerre mondiale, processus qu'elle analyse à travers les oeuvres littéraires ou picturales qu'ils créèrent ensuite.
La guerre peut produire de l'exaltation comme elle peut entraîner une flétrissure. C'est particulièrement le cas après la captivité ou la déportation. Comment revenir alors ? Il y a ceux qui voudraient tourner la page, mais qui ne peuvent jamais totalement oublier ce que furent ces années d'épreuves. Ce sont souvent leurs enfants qui font le travail de mémoire après leur mort. Mireille Flageul a ainsi redonné vie aux carnets de captivité de son père.
On sera étonné de la hauteur morale de ces prisonniers militaires réfractaires, étonné de constater leur si grande discrétion après la guerre, alors qu'ils ont été des artisans infatigables de la reconstruction de l'Allemagne et du rapprochement entre les peuples. Pupille de la nation, élève à l'école préparatoire pour entrer à Saint-Cyr, André Rogerie a, quant à lui, été déporté à vingt et un ans et a passé dix-huit mois de sa jeunesse dans l'enfer de la déportation et de la mort.
Dora, Maïdanek, Auschwitz... Il en est revenu avec des convictions fortes : l'amitié, la solidarité et la foi, des convictions qu'il a partagées dans un livre-témoignage dont il nous offre un résumé qui laisse le lecteur en apnée devant à la fois tant de dureté et tant d'espérance. L'aide au retour prend forme depuis quelques années. Yann Andruétan raconte que, depuis la nuit des temps, on a évité de transporter trop vite le militaire du champ de bataille à ses foyers.
Lorsque les machines n'existaient pas, le temps de la marche à pied constituait la transition idéale. La métamorphose se faisait littéralement pas à pas. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce fut le bateau. La transformation s'accomplissait alors au fil de l'eau. Ce n'était pas vraiment "la croisière s'amuse" , mais cela s'en approchait. C'était un temps de fête qui facilitait le retour. Mais lorsqu'après la guerre du Vietnam les gis sont rentrés en à peine quelques heures d'avion, les séquelles psychiques furent importantes et ce fut l'émergence des Post-Traumatic Stress Disorders (PTSD).
Manifestement, il ne faut pas hâter ce temps du retour. Ainsi, Virginie Vautier est-elle revenue d'Afghanistan en passant par le sas de Chypre, une luxueuse escale mise en place par l'armée de terre depuis quelques années et qui est aussi un temps précis de prise en charge psychologique. Elle nous explique pourquoi et comment fonctionne ce moment de transition. Car cette transition est un processus complexe que détaille Michel Delage, à la fois dans ce qui est transformé chez celui qui est parti et ce qui est transformé, en miroir, chez ceux qui sont restés.
Il nous montre que le temps du retour du vétéran dans sa famille est un temps de réaccordage bien plus complexe qu'on ne l'imagine souvent. La contribution de clôture de ce numéro thématique est celle du général Elrick Irastorza à partir de sa réflexion élaborée lors du colloque "Faire face aux blessures invisibles" qui s'est tenu en octobre 2012 à l'Hôtel national des Invalides à l'initiative du Centre de recherche des écoles de Saint-Cyr Coëtquidan et de la revue Inflexions.
Il explique que nous sommes passés de la conception du soldat qui "encaissait" passivement la violence mentale des combats à celle d'un accompagnement par les cadres de contact avec, si nécessaire, l'aide des médecins. Il évoque son expérience personnelle et celles de ses hommes après les massacres de Tuk-Meas, au Cambodge, et après le génocide rwandais. Il parle aussi de son fils qui lui renvoie la réalité : "Ca fait un an que l'on ne te demande rien ! " Comme dans l'Odyssée, lorsque Télémaque ne reconnaît pas son père et que celui-ci, enfin revenu dans ses foyers, reste un inconnu contraint à reconstruire sa place chez lui.
Cette anecdote à elle seule est indicative du décalage auquel est confronté le militaire de retour après une longue absence. Voilà donc ce numéro dans la complexité de son sujet et dans la richesse des témoignages apportés. Alors, au lecteur de la revue Inflexions qui a en main cet opus consacré au retour, nous avons envie de dire : "Lisez ça ! Lisez ça ! Vous ne le lirez nulle part ailleurs".

Caractéristiques

  • Editeur
  • ISBN
    366-3-322-09613-6
  • EAN
    3663322096136
  • Présentation
    Broché
  • Nb. de pages
    247 pages
  • Poids
    0.472 Kg
  • Dimensions
    16,0 cm × 24,0 cm × 1,0 cm

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