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Les sciences sociales s'affirment au cours du XIXe siècle. Outils de compréhension et de rationalisation de la société, elles sont étroitement liées à la logique de développement de l'Etat moderne. Cet ouvrage revient sur cette liaison étroite. Analysant la genèse de ces savoirs et leurs conditions d'émergence, il montre combien, en France, leur institutionnalisation académique et étatique contribue à leur affirmation en tant que sciences de gouvernement et savoirs d'expertise au service de l'action publique.
En effet, la mise en place, au sein de l'Institut, d'une Académie des sciences morales et politiques qui, pendant plusieurs décennies, exerce un quasi-monopole sur la promotion de ces savoirs, contribue à la "caméralisation" de ces derniers et à la promotion d'un Etat savant. Cette académie, qui compte des publicistes, des universitaires et des hommes d'Etat (hommes politiques et grands commis de l'Etat), constitue un haut lieu du libéralisme regroupant des intellectuels souvent proches du pouvoir.
Elle produit une expertise sociale par le biais de concours et enquêtes et met en oeuvre des "sciences de l'agir" à la fois empiriques et normatives, pratiques et propédeutiques, orientées vers le conseil au gouvernement, la rationalisation de la décision publique, la réforme sociale et le gouvernement de l'opinion. Ainsi, cet ouvrage éclaire un modèle spécifique de savoir et d'expertise avec ses remises en cause liées à une spécialisation savante et au positivisme mais aussi à une bureaucratisation et à une étatisation de la société.