Interdictions israélites - Recherches économico-juridiques sur l'interdiction de la propriété aux Israélites - Grand Format

Arnaud Clément

(Traducteur)

,

Pierre Savy

(Préfacier)

Note moyenne 
Carlo Cattaneo - Interdictions israélites - Recherches économico-juridiques sur l'interdiction de la propriété aux Israélites.
L'ouvrage de Cattaneo, les Ricerche economiche sulle Interdizioni imposte dalla legge civile agli Israeliti, fut composé entre novembre 1835 et mars... Lire la suite
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Résumé

L'ouvrage de Cattaneo, les Ricerche economiche sulle Interdizioni imposte dalla legge civile agli Israeliti, fut composé entre novembre 1835 et mars 1836 ; amputé d'un paragraphe par la censure, il parut en 1837. La traduction est due à Arnaud Clément, agrégé de philosophie, traducteur de La philosophie de Leopardi d'Adriano Tilgher (Editions Conférence, 2016) ; elle est précédée d'un essai introductif de Pierre Savy, maître de conférences en histoire du Moyen âge à l'université Gustave Eiffel et directeur des études pour le Moyen Age à l'Ecole française de Rome, dont les recherches portent sur l'histoire des communautés juives en Italie du Nord à la fin du Moyen Age, co-éditeur, avec A.
Guetta de The Question of the Jewish Minority in Early Modern Italy (Viella, 2020) et avec Katell Berthelot d'une Histoire des Juifs. En voyage en 80 dates, de l'Antiquité à nos jours (Paris PUF, 2020). L'ouvrage contient également trois appendices : l'appendice I contient les pages vi-viii de la Préface aux Memorie di economia publica (Milan, 1860), pages qui relatent l'accueil réservé aux Interdizioni, dont l'argument se voit résumé ; l'appendice II donne la refonte du chap.
des Interdictions des Israélites, etc. , rejeté par la censure ; enfin l'appendice III propose un texte de Giuseppe Mazzini qui fait état du " Différend entre Bâle-Campagne et la France ", reprenant le problème de Cattaneo du point de vue du rapport entre les deux législations. Quel est le point de départ de l'ouvrage de Cattaneo (voir la " Question de droit public ", § 5) ? L'achat par deux frères juifs, les frères Wahl, d'un terrain dans le canton de Bâle-Campagne avait été annulé par les autorités municipales au motif que la législation locale interdisait aux Israélites de posséder des terres, alors même que les frères Wahl avaient agi comme citoyens français et que la république suisse avait conclu des traités avec la France.
Prenant la défense des Israélites et après avoir exposé " L'occasion de ce mémoire " (chap. I) et les " Origines des interdictions israélites " (chap. II), Cattaneo expose les effets économiques (chap. III) de l'interdiction de la propriété comme des autres interdictions (chap. IV), ainsi que les effets de l'interdiction de la propriété sur la population (chap. V) et sur la morale (chap. VI), puis achève d'exposer les " causes de la décadence des interdictions israélites " (chap.
VII) avant de conclure. On ne résumera pas ici l'intégralité de l'argumentation ; on insistera plutôt sur quatre points. Convergence disciplinaire. - L'argumentation de Cattaneo se fonde essentiellement sur l'histoire (l'auteur remonte le fil des interdictions et en dresse une assez précise histoire), l'économie (avec l'exposition des conséquences économiques et sociales des interdictions des israélites, y compris au moyen de lois nettement formalisés, § 9, p.
88, par ex. , ou la comparaison des richesses marchandes et des richesses foncières, § 11, p. 97 sqq.) et le droit (puisqu'il s'agit de montrer comment les mentalités se sont traduites dans le droit). Voilà pourquoi de ce mémoire pourrait être tiré " un chapitre qui aurait valeur d'appendice aux habituels traités d'économie sociale " (p. 32). On ajoutera à ces disciplines la statistique (§ 25), établissant le " nombre probable des Israélites vivants ".
Cet essai constitue donc un échantillon de l'entreprise, définie par Romagnosi, d'unification du droit et de l'économie " en soumettant les prétentions de l'intérêt au frein du droit, et les assertions du droit aux sanctions de l'intérêt " (p. 29-30) : il ne s'agit que de mener un " travail particulier ", et donc de " préparer " l'entreprise ainsi définie (p. 30). Le fondement de l'argumentation : l'intérêt - C'est la convergence de ces disciplines qui permet à Cattaneo de faire fond moins sur les principes abstraits ou transcendants de tolérance et d'humanité, principes jugés " inopportuns " (§ 7, p.
53), que sur l'intérêt de la société tout entière. Loin des généralités liées à la fraternité entre les hommes, Cattaneo mesure le profit que la communauté pourrait tirer d'une levée des interdictions des israélites : " Laissez faire l'Israélite, et il saura aussi nourrir la fécondité et l'aménité de la terre de son industrie qui a amassé des millions " (§7, p. 51) Comme l'énonce le dernier chapitre avant la conclusion, " Les conseils de la bonne économie auraient tout sauvé " (§ 32, p.
200) : il s'agit donc de traiter la question comme un " problème d'économie politique " (p. 201). Le paradoxe. - Le nerf de l'argumentation est éminemment paradoxal : Cattaneo fait voir la contradiction fondamentale des interdictions faites aux israélites : ce qui devait nuire à ces derniers est précisément ce qui les a fait prospérer alors que ce qui devait favoriser les non-Juifs les mit à la botte des Juifs : " en déclarant illicite l'intérêt légal et en terrorisant l'homme consciencieux de mettre son argent à profit, on favorisa sans le savoir l'afflux des infortunés à la porte de l'usurier " : les juifs " furent poussés vers les richesses mobilières qui devenaient de plus en plus fructueuses " (§ 8, p.
64 ; voir aussi § 17, p. 126 ; § 24, p. 157). La logique de ce paradoxe est déployée dans toute sa rigueur, notamment au moyen de comparaisons entre l'intérêt des biens mobiliers et immobiliers (chap. III, voir par ex. p. 84 sqq. ; p. 91), entre les taxes dont font l'objet les uns et les autres (§ 12, p. 109 sqq.), entre les litiges auxquels ils donnent lieu (§ 14), enfin entre les inconvénients moraux dont pâtit une jeunesse dorée peu habituée aux affaires et seulement soucieuses des rang (§ 15, p.
118) et les bénéfices moraux et sociaux qu'en tirent les juifs en terme de solidarité et de loyauté (§ 20). Non seulement les interdictions ont nui à l'économie, mais elles ont en réalité profité aux seuls Juifs. On voit la nécessité d'associer intérêt collectif et tolérance pour offrir aux Juifs les possibilités communes à tous les hommes. Un homme des Lumières. - On comprend dès lors que Cattaneo se montre ici un homme des Lumières (dans la lignée d'un Beccaria ou d'un Verri).
D'abord parce que, l'appel à la levée des interdictions faites aux juifs de posséder du foncier ne revient pas tant à projeter une société idéale qu'à établir les conditions concrètes d'une société libérale dans laquelle le profit de chacun puisse contribuer au bonheur de tous. Ensuite, parce que le conflit entre les différents traités doit être tranché selon le critère de la liberté : " Il y a ici, entre les statuts antérieurs et les traités récents, un conflit [...
]. Dans un tel cas, c'est toujours l'alternative de la plus grande liberté qui doit prévaloir " (§ 6, p. 47). - Du point de vue économique, on remarquera la différence marquée entre capital et argent (p. 60, § 40), la promotion de l'agriculture (" mure des autres industries ", § 9, p. 81) qui le rapproche des physiocrates. - Le lecteur français ne pourra pas ne pas entendre Voltaire derrière les moqueries des " hobereaux à moitié sauvages " toisant les " hommes d'affaires de très grande importance sociale " (p.
§ 15, p. 115 ; voir Voltaire, Lettres philosophiques, lettre X). - Plus fondamentalement, on reconnaîtra à l'anthropologie de Cattaneo un caractère profondément historique : aucun trait n'est donné à un groupe humain par la nature, tout se construit par l'histoire et par les décisions économiques. D'où l'intérêt d'une reconstitution des raisons qui conduisirent les Juifs à s'adonner à l'usure (§ 8) ; d'où aussi les perspectives ouvertes sur l'avenir : " si l'on ne veut pas qu'il [le Juif] soit usurier, qu'on en fasse un propriétaire et notre honnête désir sera satisfait " (§ 28, p.
174), sur l'éducation : " L'art de l'usure n'est pas une affaire de sang, mais d'éducation et de position : et les juifs sont capables d'autres sortes de biens et d'autres sortes de maux " (p. 29, 176), sur l'honneur : " cet honneur devient inaccessible à ceux que la loi place dans un état permanent de dégradation " (p. 177, § 30 ; voir aussi p. 178). Parce que l'humanité est ouverte à l'histoire, aucune fatalité ne s'abat sur les hommes et le meilleur est à attendre d'une intégration des Juifs aux communautés politiques.
On ne s'indignera donc pas de quelques lignes d'apparence sévère avec les Juifs (sur " l'amour du gain ", p. 77-79, sur le peu d'intérêt des juifs pour les sciences et les lettres, § 21) : ces lignes semblent bien destinées à accréditer au contraire un regard de forte compassion à l'égard des Juifs : Cattaneo souligne leur profonde et antique moralité (§ 8, p. 77), l'ampleur des massacres qui les frappèrent (§ 8, p.
71), les " exclusions ignominieuses " dont ils firent l'objet (§ 8, p. 77), les massacres " continus et quotidiens " (§ 27, p. 167) montrant par là que si ces vexations multiples purent un temps triompher de leur âme " généreuses par nature " (§ 21, p. 143 ; voir également p. 147-148 ; p. 181), ces dernières y trouvèrent grande occasion de vertu (voir l'émouvante p. 189, § 31). La sensibilité de Cattaneo au sort des Juifs frappe par son intensité, même si son expression demeure maîtrisée et intégrée à une argumentation de facture parfaitement classique.
Insistons enfin sur l'intérêt de publier une traduction française de cet ouvrage de Cattaneo. D'abord, parce qu'il y va de l'histoire des juifs d'Europe. A un moment où l'Europe se constitue comme entité politique, il paraît indispensable de prendre en vue l'histoire des peuples à l'échelle du continent tout entier, et pour cela même de se tourner vers celui qui, le premier, usa de l'expression des " Etats-Unis d'Europe ".
Une seconde raison tient au fait que Cattaneo avait avec la France un rapport tout à fait singulier, et que cet ouvrage même prend longuement appui sur la France (voir par ex. la mise au point sur l'" Etat civil des Israélites en France après 1791 ", § 3 ; ou l'histoire du décret impérial de mai 1806, § 31, p. 181 sqq.). C'est donc bien une figure capitale de l'Europe en voie de constitution qu'il s'agit de faire connaître au lectorat français.
Dans une traduction élégante, ce beau livre - on sait la qualité matérielle des ouvrages publiés par les Editions Conférence - prend la suite du premier volume des oeuvres de Cattaneo, Inde. Chine. Mexique. Philosophie de l'histoire (tr. C. Carraud, 2021). Il illustre le combat magistral d'un intellectuel européen, de première importance bien que méconnu en France, contre les vexations infligées aux juifs : il est beau et hautement significatif que l'Europe ait pris conscience d'elle-même chez un auteur qui a pris au sort des communautés juives un intérêt aigu.
Le lectorat du xxie siècle, juif comme non-juif, ne peut pas l'ignorer.

Caractéristiques

  • Date de parution
    03/03/2023
  • Editeur
  • ISBN
    979-10-97497-48-4
  • EAN
    9791097497484
  • Format
    Grand Format
  • Présentation
    Broché
  • Nb. de pages
    240 pages
  • Poids
    0.278 Kg
  • Dimensions
    13,3 cm × 20,0 cm × 1,4 cm

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À propos de l'auteur

Biographie de Carlo Cattaneo

L'historien et philosophe lombard, défenseur ardent d'un fédéralisme libéral, est l'auteur d'une oeuvre suffisamment prolifique pour qu'un bref portrait biographique soit nécessaire. Carlo Cattaneo naît à Milan le 15 juin 1801. Sa famille vient de la région de Bergame, d'où elle descendait tous les ans passer l'hiver dans la plaine de Milan, avec son troupeau, avant d'obtenir un fermage. A la fin du xviiie siècle, la plupart de ses membres se sont établis en ville.
Son père est orfèvre, son commerce est modeste ; sa progéniture, nombreuse. Les conditions matérielles de l'enfance et de la jeunesse ne sont pas celles de l'aisance. Cattaneo exprima maintes fois la fierté de son origine " citadine ", mais n'oublia jamais le souvenir de l'expérience agricole de sa parenté ni les observations personnelles de sa prime enfance, souvent passée dans les plaines de Casorate et de Pizzabrosa.
Bien des textes témoigneront de son sens des réalités rurales, qui font de lui, avec tout l'éventail des autres sujets qu'il a abordés, l'un des auteurs les plus fins et les plus originaux d'économie agraire. Il fait ses premières études au séminaire, puis au lycée S. Alessandro. Il y écoute les leçons d'histoire de Giambattista De Cristoforis, qui lui ouvre pour la première fois l'esprit, comme il l'écrira plus tard, " à l'idée du Moyen Age, du vaste monde asiatique et à d'autres sources exclues du cercle des études antiques " (Politecnico, VIII, 1860, p.
520). En 1820, il achève son cycle de philosophie ; le gouvernement autrichien lui refuse une place gratuite au collège Ghisleri de Pavie, où il voulait fréquenter les cours de droit de cette université. Mais il est nommé professeur suppléant au lycée Santa Marta, puis, l'année suivante, professeur titulaire pour l'enseignement de la grammaire dans les petites classes. Il suit en même temps des études de droit dans l'école privée que Gian Domenico Romagnosi avait ouverte à Milan en 1819.
Les liens avec Romagnosi deviennent très étroits, surtout après l'arrestation de Romagnosi par les Autrichiens et le témoignage que Cattaneo rend en sa faveur. Ce seront quinze ans d'une profonde amitié, jusqu'à la mort du maître en 1835. Romagnosi influencera considérablement sa conception de l'incivilimento, du processus de civilisation à étudier pour chaque peuple, et c'est à lui qu'il devra de renforcer encore sa curiosité pour d'autres pays et d'autres histoires.
Il voyage en 1821 en Suisse, en compagnie d'un ami tessinois, Stefano Franscini, avec qui il traduira plus tard l'Histoire de la Suisse pour le peuple suisse de Zschokke, voyage sans doute déterminant pour la sympathie qu'il éprouvera toujours à l'endroit de " l'autogouvernement des petits Etats formés de cantons, des petites républiques démocratiques articulées et organisées en des ensembles fédéraux " (E.
Sestan, Europa settecentesca ed altri saggi, Milan-Naples, Ricciardi, 1951, p. 240). Il prend part à la traduction de l'allemand, en 1824-1825, de différents ouvrages d'histoire et de géographie à l'usage des lycées. La même année, il obtient sa licence de droit à Pavie. Son premier essai avait paru entretemps, en août 1822, dans l'Antologia de Vieusseux : une recension de l'ouvrage de Romagnosi, Assunto primo della scienza del diritto naturale.
Il s'engage alors dans une activité intense de " journalisme savant ", d'abord dans les Annali universali di statistica, de 1833 à 1838, puis dans le Politecnico, qu'il fonde en 1839 ; le périodique porte le sous-titre de " répertoire mensuel d'études appliquées à la culture et à la propérité sociale ". " Sous un titre qui pourra paraître ambitieux à certains ", écrit Cattaneo dans sa préface à la première livraison, " nous annonçons la plus modeste des intentions, celle de faciliter à nos concitoyens, par un recueil périodique, la connaissance la plus rapide de la partie du vrai qui, à partir des régions ardues de la Science, peut aisément permettre de féconder le domaine de la pratique, et apporter de l'aide et du soutien à la prospérité commune et à la vie civile " (Carlo Cattaneo, " Il Politecnico " 1839-1844, a cura di Luigi Ambrosoli, Turin, Bollati Boringhieri, 1989, vol.
I, p. 7). Le Politecnico comptera plus de quatre-vingts collaborateurs écrivant sur les sujets les plus divers (philosophie, histoire, linguistique, littérature, ingénierie, chimie, physique, géologie, sciences naturelles, médecine...). Cattaneo y prend la part essentielle, écrivant lui-même sur les sujets les plus variés, et c'est sans aucun doute dans ce périodique, qu'il soutient de son effort le plus constant, qu'on trouve certains des textes les plus riches du Cattaneo historien, philosophe, linguiste, économiste et connaisseur des innovations et des problèmes techno-scientifiques de son temps (il prit part, du reste, à diverses entreprises techniques et industrielles : la Société pour la recherche et l'extraction de produits miniers, la Société de chemin de fer de Tornavento à Sesto Calende, la Société pour la voie ferrée de Milan à Venise, la Société pour l'amélioration de l'éclairage au gaz...) : " Quand on jette un regard d'ensemble sur cette splendide production intellectuelle ", écrit G.
Salvemini, " on ne sait ce qu'il convient d'admirer le plus, de la variété des sujets, de l'originalité de la pensée ou de la beauté formelle [... ] La curiosité du savant est sollicitée dans toutes les directions ; sur chaque sujet, son immense culture fait jaillir des flots continus d'associations inattendues et de nouvelles théories fécondes ; et les idées sont fixées en des formules denses, parfaites, d'une élégance géométrique, définitives " (Le più belle pagine di Carlo Cattaneo scelte da Gaetano Salvemini, Milan, Treves, 1922, p.
iv). Cattaneo publie son essai sur Vico dans le premier numéro de la revue (il fera lui-même en 1846 un choix de ses textes les plus marquants, dans les trois volumes intitulés Alcuni scritti, Milan, Borroni e Scotti, 1846). Quelque chose prend forme, magnifiquement, même si cela paraît " fragmentaire ", comme l'écrit Salvemini, et comme cela le semblera à l'auteur lui-même, au témoignage de ses lettres, dans les dernières années de sa vie : quelque chose qui n'est précisément pas ce qu'on pourrait appeler le repos dans une oeuvre et un souci singulier, cohérent et en un sens serein, mais l'activité et l'exigence mêmes de la curiosité liée à l'engagement civil et soutenue par la pratique de nombreuses langues, cela qui le fit écrire, dès 1836-1847, à la fois les admirables Recherches économiques sur les interdictions imposées par la loi aux Israélites (souvent publiées sous le titre simplifié d'Interdictions israélites), et le Lien de la nation et de la langue valaques avec l'italienne (cf.
Francesca Geymonat, Carlo Cattaneo linguista : dal Politecnico milanese alle lezioni svizzere, Rome, Carocci, 2018). De même, fédéraliste et républicain convaincu, il participe activement aux Cinq journées de Milan de 1848, où il prend la tête du Conseil de guerre. De cette expérience, reste son témoignage capital, L'insurrection de Milan en 1848, publié d'abord en français (Amyot, 1848) à Paris où il s'était réfugié, puis un an plus tard en italien, dans une version revue (cf.
les deux versions publiées l'une à la suite de l'autre, dans les Scritti storici e geografici, a cura di Gaetano Salvemini e Ernesto Sestan, vol. IV, Florence, Le Monnier, 1967). Il hésite à s'établir en France ou en Angleterre, parce qu'il lui semble que l'esprit révolutionnaire des journées de Milan n'y est pas compris et s'y trouve faussé. Il préfère donc se retirer à Castagnola, tout à côté de Lugano, où il accepte en 1852 l'enseignement de philosophie au lycée.
Il continue de publier de nombreux essais, sur des sujets toujours aussi vastes et divers. En 1859, à Milan, il donne sa première leçon sur la Psychologie des esprits associés à l'Institut lombard de Sciences, lettres et Arts, et reprend l'année suivante, après l'interruption de 1844, une nouvelle série du Politecnico. La même année, il est élu député pour Sarnico, Crémone et Milan, mais n'en exerce pas la fonction, pour ne pas avoir à prêter serment à la monarchie, en partisan du fédéralisme qu'il est.
Mais son point de vue ne prévaut pas. Appelé à Naples par Garibaldi, il fait l'expérience de la déception et de l'écart entre la réalité politique et ses idéaux. Il refuse la candidature qui lui est proposée à Gênes, Milan et Gallipoli en 1861. Il quitte en 1863 la direction du Politecnico et en 1865 l'enseignement à Lugano. Les sollicitations ont été très nombreuses, pour toutes sortes de postes, de congrès, de leçons, de participations politiques, etc.
; mais il préfère travailler à toutes les questions, si techniques soient-elles, qui peuvent intéresser la vie commune. En janvier 1869, il reçoit chez lui à Castagnola la visite de Mazzini. Ses conditions de santé, sa faiblesse cardiaque s'étaient aggravées. Il meurt à Castagnola dans la nuit du 5 au 6 février 1869.

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