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N'est-ce pas une singulière audace de prétendre "introduire" à la foi ? Il faudrait être capable de circuler des deux côtés de la porte : à l'intérieur, et dans tout l'espace intérieur, pour faire voir ce qui s'y trouve ; au-dehors, et dans tout l'espace du dehors, pour comprendre ceux qui n'ont pas accepté de franchir le seuil ou n'en ont pas même eu l'idée. Il faudrait être théologien, pour ex-pliquer (déplier) le tissu de la doctrine ; psychologue, pour ne manquer aucun des détours de l'âme humaine ; apologiste et même apôtre, pour convaincre et s'il se peut persuader.
Mais s'il est vrai que chaque homme porte en lui la forme entière de l'humaine condition ; si, de plus, la foi est elle-même une entrée qu'on n'a jamais fini de passer en cette vie ; si nous ne guérissons définitivement de l'incroyance naturelle qu'en accédant à la vie du siècle futur ; si, par ailleurs, le contenu objectif de la foi est suffisamment exprimé dans le Credo que tout chrétien connait par coeur ; alors ce n'est peut-être pas témérité, pour un fidèle qui a beaucoup réfléchi à ces choses, de dire aux autres (croyants ou incroyants) : "Voyons ensemble ce que c'est que cette porte et sur quoi elle ouvre ; je ne prétends pas vous obliger à la franchir avec moi ; mais j'aimerais me rendre compte et vous rendre compte des raisons que j'ai de la franchir et de ce que je pense trouver au-delà." Le projet de ce petit livre avait d'abord été présenté à l'auteur comme celui d'un "Abrégé de la foi catholique".
Lorsque Louis Chaigne me proposa de l'écrire, il ne savait pas et j'avais oublié qu'il répondait ainsi à un désir vieux de quinze ans. C'était l'époque où je rencontrais pour la première fois, dans l'expérience concrète et cruelle, le fait de l'indifférence religieuse chez des baptisés ; et il me sembla que dans cette indifférence il y avait beaucoup d'ignorance. En somme la meilleure apologétique pourrait être une simple monstration : qu'on arrive à laisser la foi parler d'elle-même, se montrer telle qu'elle est, elle se défendra bien toute seule.
Et sans doute, c'est une telle simplicité qui est difficile à obtenir. Nous acceptons avec peine de ne pas barder la vérité de nos armures et de nos remparts. On peut du moins essayer.