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L'auteur raconte avec précision le passage du Bénin en quelques semaines, au début de l'année 1990, d'un régime marxiste-léniniste à une réelle démocratie pluraliste, sans violence ni effusion de sang. Mgr de Souza fut l'artisan de la sortie de crise en même temps qu'il posa les bases d'une démocratie réelle et durable. Placé à la tête d'une conférence nationale qui réunissait les forces vives du pays et plus d'une cinquantaine de tendances politiques, il présida ensuite le Haut Conseil de la République jusqu'à l'installation de la cour constitutionnelle.
La polémologie se consacre à l'étude des guerres, de leurs causes et conséquences, de leurs formes et de leurs méthodes. Il conviendrait de développer une autre discipline, que l'on pourrait appeler "irénologie". Elle étudierait les méthodes, les actions et les processus qui conduisent à l'établissement de paix et de réconciliations durables. Dans ce sens, Israël Mensah entreprend un passionnant travail d'irénologie.
A le lire, on comprend comment Mgr de Souza, qui ne nourrissait aucune ambition personnelle, en est arrivé à présider la conférence nationale. L'intégrité des prélats et des décennies d'actions sanitaires, sociales et éducatives au service de l'ensemble de la population, et pas seulement des catholiques, avaient rendu crédible l'Eglise catholique et ses pasteurs. Les dirigeants marxistes eux-mêmes avaient été, pour beaucoup, formés par des éducateurs chrétiens, même s'ils avaient, ensuite, pris leurs distances avec eux.
L'archevêque parle par des textes, mais aussi par des actes, par des gestes qui frappent ses interlocuteurs immédiats, puis le pays tout entier. Sa méthode de consultation, de négociation et de diplomatie active a permis une sortie de crise acceptée par tous sans humilier ceux qui, comme le président Kérékou, durent céder le pouvoir. L'auteur, qui a connu ce prélat de grande culture et de foi exigeante, saisit ici l'occasion d'un portrait personnel.
Il a dépouillé de nombreux documents écrits, rencontré des témoins importants et s'appuie sur une connaissance intime de la société béninoise et de l'Eglise qui y vit. Son travail éclaire la réflexion sur les rapports entre Eglise et politique et montre qu'un chemin de paix est possible en Afrique (D'après Etienne Thévenin).