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Comment expliquer que Jacques Henri Lartigue soit soudain devenu l'une des icônes de la photographie du XXe siècle ? Tordant le cou à une vision instinctive et naïve de sa pratique, Kevin Moore revisite dans cet essai la formation du photographe et le processus qui l'a érigé en mythe. Contrairement à l'image communément admise, Lartigue n'est pas qu'un amateur talentueux qui s'est attelé à saisir le flux du monde moderne et mécanique et à photographier les moments heureux de sa vie.
Il est un précurseur majeur, qui est parvenu à excéder son époque, hybridant une certaine forme de culture visuelle (photographie amateur, presse illustrée, cinéma) et la photographie d'art. Kevin Moore lui rend ainsi sa juste place dans l'histoire de la photographie et lève le voile de suspicion qui empêchait jusqu'alors d'achever sa canonisation. L'histoire de Lartigue se laisse conter à l'envi.
Fils d'un riche banquier et rejeton de la Belle Époque, il était tant épris d'automobiles et d'avions, de mode et de spectacles, qu'il se mit à photographier jusqu'à l'obsession la vie qui l'entourait. Il photographia d'abord le cercle familial, puis les rallyes en Auvergne, les baigneurs à Deauville et Biarritz, les avions à Issy-les-Moulineaux, les sports d'hiver en Suisse et les courses de voiture à Auteuil.
Sans oublier l'incessante parade sociale. Idyllique et enviable, la jeunesse de Lartigue fut une telle suite de bonheurs fabuleux qu'elle en semble presque irréelle. En 1962, Lartigue est en vacances aux Etats-Unis quand il débarque dans les bureaux d'un agent new-yorkais. Agé de soixante-neuf ans, il n'est pas plus connu pour ses photographies que pour ses tableaux, or en juin 1963, plus d'une quarantaine de ses premières images est exposée au MoMA.
La même année, quelques-unes paraissent dans le magazine Life. Dix ans plus tard, il est l'un des photographes les plus connus au monde.