Le 2 décembre 2006, moi, Anne-Sophie Mathis, je deviens championne du monde de boxe anglaise. Le même soir, j'apprends que mon père a lui aussi été boxeur. A sa mort, j'avais treize ans et j'ignorais qu'un jour je mettrais les gants à mon tour. Je suis devenue " AS " : 1,78 mètre, 63,5 kilos en poids de combat, quadruple championne du monde en catégorie super-léger. Mon palmarès : 20 combats dont 18 victoires par K.O. Sur le ring, je suis une machine de guerre programmée pour gagner. Dans la vie, je suis Anne-So, maman célibataire, habitant dans la région de Nancy. Je boxe, c'est un sport d'hommes assorti d'une sale réputation. Très récente, la boxe féminine n'en finit pas d'intriguer. A ceux qui me demandent si je n'en ai pas assez de prendre des coups, je réponds : " Boxer n'est pas cogner. " A ma fille, qui considère ce métier comme un voleur de maman, vu mon emploi du temps chargé, je dis : " C'est mon travail, je l'aime et il a le mérite de nous faire vivre toutes les deux. " Même si la boxeuse est assez mal payée. La boxe est riche d'une histoire forte, ce sport m'a permis de soigner une solitude et une douleur sans nom. J'ai voyagé, j'ai rencontré d'autres athlètes, mais aussi des capitaines d'industrie, et puis, surprise de taille, j'ai découvert la gastronomie et le bon vin. Malgré les difficultés matérielles, malgré la question de l'avenir, la boxe est ma plus belle rencontre.