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"L'image viendra au temps de la résurrection" : la formule est l'une des plus emblématiques des Histoire(s) du cinéma (1988-1998), opus magnum de Jean-Luc Godard. Nous croyons qu'elle énonce la vérité cryptique d'un artiste engagé dans la relève poétique des images dont les citations ont fini par former le corpus de l'archive godardienne. S'y expérimenterait la puissance dialectique d'un montage à la fois disjonctif et conjonctif, battant et rebattant plus d'une image pour débattre du sens critique de leurs démontages et remontages.
Loin donc de poser des rapports d'équivalence, l'archive godardienne avère depuis la faillite historique des utopies et du cinéma comme " forme qui pense " la faille commune aux images qui restent. Seul le cinéma, autrement dit l'archive godardienne chargée de " créances messianiques ", pouvait alors accomplir dialectiquement la relève poétique de l'image de tous ceux qui tombent. Cette relève est une passion, un " mal d'archive " sans fin.
Ce mal est une hantise passionnelle, aussi résurrectionnelle qu'insurrectionnelle. C'est un mal d'archive dont la confrontation avec les archives du mal radical ne se comprend qu'en raison d'un beau souci, inconditionnel, d'une justice à venir. La nuit tombée de l'histoire tombeau ne se comprendrait donc pas indépendamment du matin étoilé de la rédemption messianique de ses restes. Pour qu'un futur soit possible, l'avenir au futur antérieur, promesse de "l'aurore du passé".