« Mangeons conscients, changeons les règles, tout ira mieux. » Et si, derrière un titre un peu trompeur, provocateur, c’était le message ? «Le jeûne extrème » écrit par un électron libre, Wassa Paôle, nous donne envie d’interroger nos habitudes alimentaires, ce qui n’est pas rien, mais également de nous égarer, de nous amuser, de ralentir, d’aimer la vie, de nous aimer. C’est bon à lire, en ce moment, tandis que partout, sur fond de guerre, d’épidémies et d’obsessions sécuritaires, la liberté recule. Son aventure solitaire, un peu solaire, que vous soyez jeunes
ou vieux, pour ou contre, vous fera du bien.
Je vais vous dire, c’est même un livre, si je devais trouver un parallèle, qui se dévore comme un sandwich. Un bon sandwich, c’est peu de choses, une bonne baguette un peu magique, un peu de laitue, un bon fromage, un peu de tomates, du basilic, un tour de moulin arrosé d’une belle huile d’olive. C’est délicieux. Ça ne se mange pas, çà se déguste. Un bon sandwich on peut le manger même en marchant. Pas besoin de table ni de mobilier, pas besoin de gants ni de couverts. Ça se tient tout seul en une seule main ou à deux mains quand çà déborde. Un bon sandwich, c’est ce qui est bien, n’exige rien. Il est tout simple, parfois modeste, on se jette dessus la gueule ouverte quand on a faim sans faire de chichis, sans se prendre la tête, on mord dedans sur un chantier, dans un bureau, sur un voilier, sur une route et sur un banc c’est chouette aussi. Un bon sandwich, çà ne mange pas de pain. J’en prends souvent, presque chaque jour, surtout le midi. Je les fabrique, je les achète, leur taille varie, leur épaisseur et leur composition. On s’en paie un, on s’en offre un, on se les pique, on se les prête. Ça rend heureux, c’est accessible, c’est populaire, c’est comme un livre que l’on trimbale un peu partout.
« Mangeons conscients, changeons les règles, tout ira mieux. » Dans ce petit livre, Wassa partage avec humour son expérience du jeûne. Est-ce ennuyeux ? Non, pas du tout. Est-ce utile ? Oui carrément. Est-ce dangereux ? L’honnêteté nous pousse à dire que çà peut l’être, qu’il ne faut pas en abuser, que l’on recommande pour l’essayer plutôt de bonnes conditions comme la présence de professionnels ou d’un médecin pour accompagner le jeûneur. Il nous invite à réfléchir, à repenser nos habitudes, à prendre un peu de recul avec cette industrie agro-alimentaire qui nous nourrit mais trop souvent aussi nous empoisonne. Car l’énergie, le carburant, le combustible est en nous. Sa source est en nous. Et dans ce domaine, laboratoires, supermarchés, stations essence n’auront pas intérêt à nous ouvrir les yeux car ils mènent trop souvent le même combat : nous faire consommer à n’importe quel prix même si ce coût est délétère pour notre santé et la planète. Beaucoup s’en moquent. Ont-ils une âme ? Une conscience ? Croient-ils que l’homme est autre chose que de la viande posée sur un squelette ? Si le travail, la société, cette civilisation a le pouvoir de nous instruire, de nous libérer, c’est trop souvent aussi qu’elle fait de nous de pauvres consommateurs sans âme, par extension des malheureux.
Peu de livres, je crois, ont un message si radical car la musique dominante nous endoctrine et nous détourne de l’essentiel. Tandis que 75% des insectes ont disparu d’Europe en trente ans, aucun changement n’est demandé aux êtres humains et encore moins ou si peu, aux industries. Alors, elles semblent n’avoir qu’un seul dessein, qu’une obsession, produire plus. Pas toutes mais beaucoup d’entre elles, encouragées qu’elles sont par une économie où tout ou presque est concurrence. Parce qu’elle est omniprésente, nous sommes chaque jour tentés par la malbouffe alors que nous savons qu’elle est néfaste et que ces avalanches de sucre nous ramollissent le cerveau. Nous croulons sous la nourriture comme nous subissons chaque jour la pollution des voitures ou des usines. La bêtise, elle aussi, est partout c’est elle qui fait consommer l’inutile. Et ainsi, nous acceptons de mal nous nourrir de même que nous fonçons dans l’électrique en accordant peu de crédit au train. Une logique capitaliste à l’oeuvre parce que, nous dit Karl Marx « pour la première fois la nature est devenue un pur objet utilitaire ».
« Mangeons conscients, changeons les règles, tout ira mieux. » Pour Wassa, alimentation sans conscience n’est que ruine de l’âme. Sans prosélytisme aucun, l’auteur nous décrit son expérience du « jeûne extrême » et nous raconte comment il a vécu intérieurement cette expérience. Physiquement, la découverte de ce que le corps peut accepter sans trop d’effort est surprenant. Intérieurement, ce que l’on gagne en liberté se joue à deux niveaux. Premier niveau, c’est le temps retrouvé : manger moins, c’est acheter moins donc avoir moins besoin de travailler. Du temps que l’on gagne aussi à moins faire les courses, à moins faire de cuisine, à moins faire de repas. Courses, cuisine, repas qu’il ne me déplaît pas de faire pourtant, de temps à autre, loin de là. Mais nous avons aussi besoin de temps pour créer, glander, passer du temps avec nos proches, lire des petits livres qui sont utiles à la redéfinition de notre projet de société. Arrêtons de courir tout le temps, décidons de ce que doit être notre vie. Second niveau, ontologique : parce que nos peurs nous définissent, il est à parier que le recul de ces peurs peut nous faire, en tant qu’Être, avancer. Aussi, cette peur absurde, irrationnelle, que nous ressentons chaque jour, de ne pas manger, doit être surmontée. Nous n’allons pas mourir en mangeant moins, bien au contraire nous irons mieux car nous mangeons, en occident, bien plus que nous avons besoin. Peur héritée peut être de nos anciens qui ont connu la guerre et effectivement les privations. Rétablissons la vérité : ce n’est pas ce que nous mangeons qui nous rend bien, ce n’est pas parce que nous avons plus que nous allons mieux. En d'autres termes, nous ne sommes pas que ce que nous mangeons, bien au contraire, nous sommes aussi ce que nous ne mangeons pas.
Mais il faut bien aussi nourrir tout le monde alors comment faire ? Deux solutions : soit tout changer soit évoluer. Comme évoluer nous pose moins de problèmes que tout changer, rappelons alors, pour conclure, ces quelques pistes : réapprendre à manger à l’école, taxer un maximum ou interdire les industries qui ruinent notre éco-système, les pratiques non durables ainsi que les promoteurs de ces pratiques, les agences de pub, privilégier le végétal à l’animal parce qu’il consomme moins d’eau et que le bien être animal est essentiel, encourager les circuits courts, la production locale, l’innovation. Ouvrons les yeux enfin. Arrêtons de croire cette chose si bête que l’homme est au milieu de la création, l’être le plus évolué de la nature et qu’il descend de Dieu. Respectons les croyances mais ne nous laissons pas diriger par elles. Vivons curieux, mangeons curieux. C’est en tentant des expériences qui respectent la nature, nous dit Wassa, que nous arriverons peut être, espérons-le, à retrouver le chemin de la raison.
Un livre qui se dévore comme un sandwich
« Mangeons conscients, changeons les règles, tout ira mieux. » Et si, derrière un titre un peu trompeur, provocateur, c’était le message ? «Le jeûne extrème » écrit par un électron libre, Wassa Paôle, nous donne envie d’interroger nos habitudes alimentaires, ce qui n’est pas rien, mais également de nous égarer, de nous amuser, de ralentir, d’aimer la vie, de nous aimer. C’est bon à lire, en ce moment, tandis que partout, sur fond de guerre, d’épidémies et d’obsessions sécuritaires, la liberté recule. Son aventure solitaire, un peu solaire, que vous soyez jeunes ou vieux, pour ou contre, vous fera du bien.
Je vais vous dire, c’est même un livre, si je devais trouver un parallèle, qui se dévore comme un sandwich. Un bon sandwich, c’est peu de choses, une bonne baguette un peu magique, un peu de laitue, un bon fromage, un peu de tomates, du basilic, un tour de moulin arrosé d’une belle huile d’olive. C’est délicieux. Ça ne se mange pas, çà se déguste. Un bon sandwich on peut le manger même en marchant. Pas besoin de table ni de mobilier, pas besoin de gants ni de couverts. Ça se tient tout seul en une seule main ou à deux mains quand çà déborde. Un bon sandwich, c’est ce qui est bien, n’exige rien. Il est tout simple, parfois modeste, on se jette dessus la gueule ouverte quand on a faim sans faire de chichis, sans se prendre la tête, on mord dedans sur un chantier, dans un bureau, sur un voilier, sur une route et sur un banc c’est chouette aussi. Un bon sandwich, çà ne mange pas de pain. J’en prends souvent, presque chaque jour, surtout le midi. Je les fabrique, je les achète, leur taille varie, leur épaisseur et leur composition. On s’en paie un, on s’en offre un, on se les pique, on se les prête. Ça rend heureux, c’est accessible, c’est populaire, c’est comme un livre que l’on trimbale un peu partout.
« Mangeons conscients, changeons les règles, tout ira mieux. » Dans ce petit livre, Wassa partage avec humour son expérience du jeûne. Est-ce ennuyeux ? Non, pas du tout. Est-ce utile ? Oui carrément. Est-ce dangereux ? L’honnêteté nous pousse à dire que çà peut l’être, qu’il ne faut pas en abuser, que l’on recommande pour l’essayer plutôt de bonnes conditions comme la présence de professionnels ou d’un médecin pour accompagner le jeûneur. Il nous invite à réfléchir, à repenser nos habitudes, à prendre un peu de recul avec cette industrie agro-alimentaire qui nous nourrit mais trop souvent aussi nous empoisonne. Car l’énergie, le carburant, le combustible est en nous. Sa source est en nous. Et dans ce domaine, laboratoires, supermarchés, stations essence n’auront pas intérêt à nous ouvrir les yeux car ils mènent trop souvent le même combat : nous faire consommer à n’importe quel prix même si ce coût est délétère pour notre santé et la planète. Beaucoup s’en moquent. Ont-ils une âme ? Une conscience ? Croient-ils que l’homme est autre chose que de la viande posée sur un squelette ? Si le travail, la société, cette civilisation a le pouvoir de nous instruire, de nous libérer, c’est trop souvent aussi qu’elle fait de nous de pauvres consommateurs sans âme, par extension des malheureux.
Peu de livres, je crois, ont un message si radical car la musique dominante nous endoctrine et nous détourne de l’essentiel. Tandis que 75% des insectes ont disparu d’Europe en trente ans, aucun changement n’est demandé aux êtres humains et encore moins ou si peu, aux industries. Alors, elles semblent n’avoir qu’un seul dessein, qu’une obsession, produire plus. Pas toutes mais beaucoup d’entre elles, encouragées qu’elles sont par une économie où tout ou presque est concurrence. Parce qu’elle est omniprésente, nous sommes chaque jour tentés par la malbouffe alors que nous savons qu’elle est néfaste et que ces avalanches de sucre nous ramollissent le cerveau. Nous croulons sous la nourriture comme nous subissons chaque jour la pollution des voitures ou des usines. La bêtise, elle aussi, est partout c’est elle qui fait consommer l’inutile. Et ainsi, nous acceptons de mal nous nourrir de même que nous fonçons dans l’électrique en accordant peu de crédit au train. Une logique capitaliste à l’oeuvre parce que, nous dit Karl Marx « pour la première fois la nature est devenue un pur objet utilitaire ».
« Mangeons conscients, changeons les règles, tout ira mieux. » Pour Wassa, alimentation sans conscience n’est que ruine de l’âme. Sans prosélytisme aucun, l’auteur nous décrit son expérience du « jeûne extrême » et nous raconte comment il a vécu intérieurement cette expérience. Physiquement, la découverte de ce que le corps peut accepter sans trop d’effort est surprenant. Intérieurement, ce que l’on gagne en liberté se joue à deux niveaux. Premier niveau, c’est le temps retrouvé : manger moins, c’est acheter moins donc avoir moins besoin de travailler. Du temps que l’on gagne aussi à moins faire les courses, à moins faire de cuisine, à moins faire de repas. Courses, cuisine, repas qu’il ne me déplaît pas de faire pourtant, de temps à autre, loin de là. Mais nous avons aussi besoin de temps pour créer, glander, passer du temps avec nos proches, lire des petits livres qui sont utiles à la redéfinition de notre projet de société. Arrêtons de courir tout le temps, décidons de ce que doit être notre vie. Second niveau, ontologique : parce que nos peurs nous définissent, il est à parier que le recul de ces peurs peut nous faire, en tant qu’Être, avancer. Aussi, cette peur absurde, irrationnelle, que nous ressentons chaque jour, de ne pas manger, doit être surmontée. Nous n’allons pas mourir en mangeant moins, bien au contraire nous irons mieux car nous mangeons, en occident, bien plus que nous avons besoin. Peur héritée peut être de nos anciens qui ont connu la guerre et effectivement les privations. Rétablissons la vérité : ce n’est pas ce que nous mangeons qui nous rend bien, ce n’est pas parce que nous avons plus que nous allons mieux. En d'autres termes, nous ne sommes pas que ce que nous mangeons, bien au contraire, nous sommes aussi ce que nous ne mangeons pas.
Mais il faut bien aussi nourrir tout le monde alors comment faire ? Deux solutions : soit tout changer soit évoluer. Comme évoluer nous pose moins de problèmes que tout changer, rappelons alors, pour conclure, ces quelques pistes : réapprendre à manger à l’école, taxer un maximum ou interdire les industries qui ruinent notre éco-système, les pratiques non durables ainsi que les promoteurs de ces pratiques, les agences de pub, privilégier le végétal à l’animal parce qu’il consomme moins d’eau et que le bien être animal est essentiel, encourager les circuits courts, la production locale, l’innovation. Ouvrons les yeux enfin. Arrêtons de croire cette chose si bête que l’homme est au milieu de la création, l’être le plus évolué de la nature et qu’il descend de Dieu. Respectons les croyances mais ne nous laissons pas diriger par elles. Vivons curieux, mangeons curieux. C’est en tentant des expériences qui respectent la nature, nous dit Wassa, que nous arriverons peut être, espérons-le, à retrouver le chemin de la raison.