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Reynaldo Hahn, grand compositeur aujourd'hui remis à l'honneur, a consigné "le tracé des cailloux du Petit Poucet" dans ses carnets, afin que "bien des rêves irréalisés y subsistent par un mot". Ainsi va-t-on y croiser une galerie de personnalités depuis les années fin-de-siècle - où Hahn devient un familier du salon d'Alphonse Daudet - jusqu'aux temps modernes - où il doit se cacher des persécutions de Vichy et des Allemands.
Jules Massenet, le maître vénéré, et Sarah Bernhardt, ensorcelante égérie, s'en détachent, figures mythiques d'une vie qui passe aussi par Londres, Bucarest ou Le Caire... et sera bouleversée par deux guerres mondiales. Marcel Proust, rencontré en mai 1894, et qui "n'est en rien comme les autres humains", y jouit d'un statut particulier. Sa présence est sous-jacente et continue. Pour Hahn, "Marcel désigne toujours Marcel Proust", comme s'il ne pouvait y en avoir d'autre ; comme s'il ne pouvait qu'être là "toujours".
Le discours du journal intime, au ton qui passe de l'humour à la mélancolie, donne un arrière-plan, une profondeur de champ à la musique du compositeur qui se révèle aussi grand écrivain.