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" Quels liens y a-t-il entre Enfantin, Fourier et Proudhon ? Pour répondre à une telle question, il faudrait plus d'une thèse de philosophie ou de sciences économiques et sociales afin de mettre en évidence les aspects communs et les divergences entre ces auteurs, dont les pensées ont indubitablement marqué le XIXe siècle. Pour l'historien, un lien moins idéologique, mais tout simplement humain peut apparaître : il s'agit de Jules Lechevalier.
" Né aux Antilles dans une famille de négociants, Jules Lechevalier Saint-André fit une brillante scolarité en métropole. Après son droit, il se passionna pour les philosophies de Cousin et Hegel. Il rejoignit ensuite le mouvement saint-simonien dont il fut un des principaux propagateurs, avant de vulgariser la pensée de Charles Fourier. Partisan de l'association, Lechevalier prônait également dans les années 1830 la nécessité de créer une économie sociale qui prenne le contre-pied de l'économie classique.
Il développa ses idées dans la presse et tenta de les mettre en pratique en Guyane par l'abolition de l'esclavage. Ruiné par ses projets, la révolution de 1848 sembla enfin lui donner raison. Lechevalier fréquenta alors les démocrates socialistes et participa à la banque du peuple de Proudhon. Condamné à l'exil en 1849, il se réfugia en Angleterre où il contribua activement à la création de coopératives.
Toujours fidèle aux principes d'économie sociale, Lechevalier se rallia en fin de vie au Second Empire. Alors qu'il était bien connu de son vivant, ce dernier revirement explique sans doute sa disparition de la mémoire collective. Sans complaisance pour le personnage, cet ouvrage a pour but de retracer son œuvre pratique et théorique.