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L'histoire de Jurançon est singulière même si elle est très liée à celle de Pau, le chef-lieu du département des Pyrénées-Atlantiques. Pau s'est bâtie autour de son château sur la rive droite. Jurançon est la rive gauche, autonome, frondeuse, riche de ses ateliers, de ses entreprises qui ont utilisé la force du Gave et du Néez dès le XVIIIe siècle. Jurançon est aussi le vignoble connu dans la France entière, et bien au-delà.
Les propriétaires des domaines viticoles occupent le bordalat, les coteaux. Dans la plaine, Jurançon est aussi une ville ouvrière et populaire, la bielle, un coeur de bourg qui a gardé aujourd'hui encore son authenticité. Tout en écrivant la "grande histoire", c'est cette dualité que René Lahillonne met en exergue, d'une plume alerte, avec une iconographie ancienne ravivant les souvenirs pas si lointain des lavandières, des abattoirs, des départs en bus pour rejoindre le champ de gaz de Lacq ou l'usine de Turboméca qui motorise les hélicoptères.
Il rappelle aussi les conflits pour que ce village s'affirme comme la ville de la rive gauche, les luttes pour que vivent les usines textiles, la douloureuse fermeture de Conte, entreprise emblématique de Jurançon. Bref, René Lahíllonne relate le quotidien d'une belle et célèbre commune du Béarn, blottie autour de sa place et de son marché, une commune à la fois rurale et ouvrière qui regarde la grande ville voisine se développer et qui refuse d'être absorbée pour garder son identité.