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Jack Kerouac a été appelé auprès de "Dieu la mère" (il l'appelait ainsi) voici presque cinquante ans. Il est pourtant toujours là, avec Lu-Anne qui planque la marijuana dans son soutien-gorge, les raids en Cadillac à Frisco, ou le soir à Narvik... et Esperanza-Tristessa. Il trinque avec Céline, invente des haïkus fulgurants, des poèmes taoïstes. Ses larmes lorsqu'il écoutait la trompette de Chet Baker...
Quarante ans après sa mort j'ai embarqué avec lui sur les routes du monde, pour le Cap Nord et les îles Lofoten où il n'est jamais allé, pour Kumbun et Labrang, puis à Bangkok, à Pékin ou à Shangai. A Borgonovo dans le val Bregaglia de Giacometti. Ces lieux dans le monde où Kerouac n'est jamais allé. Comment est-ce possible ? Les forces de l'esprit, d'une part. Les Mots d'autre part. Avec les mots, tu peux continuer à écrire le Monde.
C'est ce qu'il pensait. Il faut continuer le poème Be there now. Soyez ici et maintenant. Balancez votre ordinateur du haut de ces falaises ! Vous rêvez de crever l'écran ? Poignardez-le avec un pal de fer. Débranchez, tirez sur les fils. Violemment si possible. Larguez le cybermonde. Avec les Mots, aimez le Monde. Jean-Paul Loubes