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Les steppes du Bilad esh-Sham ont connu entre le IVe et le milieu du IIe millénaire avant notre ère une période d'occupation intense. Le pastoralisme spécialisé fut certainement un des moteurs économiques de cette forme d'utilisation des pâturages limitrophes du désert. La morphologie des établissements fixes construits par les pasteurs de l'âge du Bronze est cependant extrêmement diverse. Cette diversité permet de poser la question de l'organisation sociale pendant cette période.
Les sites de la région de Khirbet al Umbashi, dans le « désert noir », à 80 km au sud-est de Damas constituent les vestiges les plus importants des établissements de cette période. Leur étude a été réalisée par une mission syro-française de 1991 à 1996. Les villages et les campements témoignent d'occupations par épisodes plus ou moins longs. On a pu observer six formes différentes d'agglomération : l'organisation et la structure des villages comme l'architecture domestique ou monumentale dénotent des conceptions variées de la construction du cadre de vie.
Les techniques hydrauliques, très sophistiquées et merveil leusement conservées, mises en oeuvre pour assurer la survie des hommes et des troupeaux dans un environnement aride, impliquent également des organisations sociales diverses. Enfin les nécropoles très étendues montrent l'importance des lieux de mémoire collective. L'étude résolument pluridisciplinaire aborde les questions d'urbanisme et d'architecture (en particulier le développement des techniques de construction mégalithique) et celle de l'environ nement ancien de la région qui n'a pas changé radicalement de nature depuis le IVe millénaire.
Enfin les rapports des hommes avec leurs voisins des régions de la Damascène et du Jourdain, les échanges et les relations privilégiées sont abordés à travers la présentation des objets de la vie quotidienne, céramique, outillage lithique, meules et objets de parure. L'ensemble des documents présentés ici oblige à reconsidérer des questions fondamentales pour cette période : nature de ce que l'on a l'habitude d'appeler « les premières villes » et des phénomènes liés à l'urbanisation (temporalité, formes, fonctions), rôle de la spécialisation des productions (ici à travers le pastoralisme), formation des paysages de la steppe et évolutions de ceux-ci dans une ambiance climatique faiblement variable, nature des échanges régionaux.
Les sociétés du Bronze ancien dans le Levant sont très loin d'être homogènes. Sociétés peu hiérarchisées, elles ont des modes de fonctionnement et des fondements socioéconomiques divers que l'on a voulu trop souvent analyser à travers le filtre unique du « degré d'urbanisation » témoignage du « degré de civilisation ». En fait la question posée ainsi n'a plus de sens et c'est la diversité et ses modes d'expression, dans les formes sociales, économiques, urbaines, culturelles, qui doit faire maintenant l'objet d'études archéologiques pour comprendre correctement cette période.
Ce sont les résultats de l'enquête de terrain, et la description des vestiges qui forment l'essentiel de l'ouvrage : plutôt que de présenter de nouvelles thèses, nous souhaitons en effet apporter des documents nouveaux, nombreux, qui doivent servir de base à la réflexion collective.