La littérature de jeunesse propose à l'adolescent, à travers des récits, diversifiés, une expérience humaine qui l'interpelle. Son initiation au jeu complexe des signes et des codes littéraires commence de surcroît aujourd'hui avec la fréquentation de textes de fiction adaptés. Mais la connaissance de cette littérature ne fait sans doute que commencer. Le récit littéraire agit à la fois comme une décantation (de son questionnement) et une décentration (de son point de vue forcément limité sur le monde). Il peut être le lieu d'une utopie. Etre un discours autre, subversif, inclassable, et par là plus propre à émouvoir que le discours ordinaire. Mais, au collège, ce discours est souvent à l'étroit. Les activités qu'engendre le récit ne rendent pas vraiment justice de ses pouvoirs sur le lecteur. C'est pourquoi la lecture scolaire a un statut si ambigu pour l'adolescent qui lit le monde et son expérience du monde à travers le prisme du récit. L'école puis le collège enseignent à lire le récit mais celui-ci a, auprès de lui, une fonction décisive d'élucidation du monde. Pour cette raison, il y a danger à le détourner et le déposséder de son interprétation du récit comme on tend à le faire. Il semble nécessaire d'avoir en classe davantage d'ambitions de type culturel, plutôt que strictement limitées au commentaire formel et stylistique, afin de donner plus d'écho à la rencontre entre le récit et l'adolescent, entre l'auteur et son lecteur. Nous proposons ici, sur la base d'exemples concrets, de lier d'une part une description de quelques chemins capables de développer ces ambitions de type culturel appelées par le récit littéraire, et, d'autre part, des savoirs sur la forme, la structure et le genre du récit.