En cours de chargement...
Certains sujets exigent la nuit : elle paraît dans les Nativités, dans bien des peintures dès la fin du Moyen Age ; elle accompagne le songe de Constantin. La création de Caravage marque l'avènement d'un autre genre nocturne qui fleurit à Rome, pour gagner la Lorraine, les Pays-Bas et l'Espagne. Les détracteurs de Caravage, invoquant le mythe de Platon si cher à la théorie artistique depuis la Renaissance, blâmèrent sa peinture de ne savoir sortir de la caverne.
Ces oeuvres, baignées de nuit, témoignent d'un problème crucial de la peinture, entre l'imitation du visible et la révélation du non-visible. Elles ont pour pendants la nuit lumineuse des mystiques, la nuit initiatrice de la poésie baroque. Paulette Choné explore l'esthétique et la symbolique du nocturne qui prévalaient au début du XVIIe siècle et qui expliquent la valorisation de "la ténèbre". Jean-Claude Bayer s'attache à décrire la production foisonnante de l'école lorraine de peinture à l'époque de Georges de La Tour.
Richard E. Spear approfondit la question complexe des relations unissant les arts visuels aux nouvelles données religieuses et scientifiques. Enfin, dans deux essais consacrés à l'étude de trois tableaux de Caravage et des Larmes de saint Pierre de La Tour, Irving Lavin démontre que le saisissement provoqué par les chefs-d'oeuvre de la peinture des nuits résulte de la rencontre parfaite entre l'expression du génie et un niveau de conceptualité très élevé.