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Dans toutes les sociétés, et que les acteurs sociaux en soient conscients ou non, la conception du sexe anatomique comporte toujours un aspect stratégique, c'est-à-dire politique, dans l'organisation des relations entre les sexes. Deux questions se posent et se croisent : la conceptualisation du sexe (quel rapport établit-on entre le biologique et le social ? ) et la catégorisation des sexes (qu'est-ce qu'un homme, qu'est-ce qu'une femme, qu'est-ce que du masculin, du féminin, de l'unisexe ou du troisième genre...
? ). Si l'oppression des femmes est générale, les idéologies du sexe sont diverses. Nicole-Claude Mathieu s'intéresse à ceux et celles qui parlent et à celles qui se taisent, aux métamorphoses subtiles du discours savant, aux interprétations et aux déterminants de la conscience des femmes, aux normes des sociétés et des individus sur le sexe et le genre, et aux tentatives de subversion. Que ce soit du côté des normes ou du côté des contestataires, et qu'elles disent que le genre traduit, ou symbolise, ou construit le sexe, les idéologies témoignent du sexe social : que l'anatomie est politique.
Anthropologue, Nicole-Claude Mathieu était une théoricienne et une militante féministes de tout premier plan, décédée en mars 2014. Travaillant dès le début des années 1970 dans la perspective des rapports sociaux de sexe, elle soutient que les catégories "hommes" et "femmes" sont construites socialement en fonction d'un rapport social de pouvoir. Avec Christine Delphy, Colette Guillaumin et Monique Wittig, elle inaugure ainsi l'analyse résolument anti-naturaliste qui distinguera le féminisme matérialiste francophone.
Publié pour la première fois en 1991, L'anatomie politique rassemble une première sélection de ses articles