En cours de chargement...
Pourquoi, dans la grotte Chauvet ou dans celle de Lascaux, l'exigence de représenter les animaux a-t-elle été l'impulsion cruciale donnée à la naissance de l'art ? Et pourquoi ces derniers ont-ils régné si longtemps sur la figuration ? Afin de répondre à ces questions, Renaud Ego met en lumière l'efficacité singulière des images qui furent, pour les hommes, un moyen de nouer un contact avec le monde, mais plus encore, de le réfléchir et d'y agir.
Il s'appuie sur l'un des plus beaux arts rupestres, celui des San d'Afrique australe, dont l'iconographie exceptionnelle de ce livre révèle la virtuosité et la splendeur. Pendant plusieurs milliers d'années, ces chasseurs et cueilleurs nomades ont peint ou gravé sur la roche de leurs abris la faune qui partageait leur vie. Certains animaux, telle la plus grande des antilopes, l'Eland du Cap, y ont été l'objet d'un regard fasciné, comme si leurs corps aux formes et aux parures exubérantes avaient été la clé d'un savoir dont le si troublant silence des bêtes gardait le secret.
C'est ce secret que les San ont cherché à leur dérober, dans un geste de capture, dénué de toute violence, mais paré du prestige de rendre visible ce qui se cachait. Ils devinrent ainsi cet animal voyant qui, possédant le don des images, allait s'ouvrir à un pouvoir visionnaire. Alors, dans l'invention d'un fabuleux bestiaire de créatures fantastiques, comme dans la composition de scènes qui sont des pactes visuels passés avec les puissances ancestrales, ils accédèrent à la dimension spirituelle de leur pleine humanité.
Plus qu'une incantation, leur art y est une action visant à préserver l'intégrité d'une existence liée à l'harmonie du monde et de tous les êtres, réels ou imaginaires, qui le peuplent.