En cours de chargement...
Quelle que soit la page où nous commençons notre lecture des poèmes de François Villon, nous rencontrons l'effet de réel : l'impression incontournable qu'un individu nous y révèle sa pensée, nous y parle du monde réel où il vit. L'an quatre cens cinquante six, Je, Françoys Villon, escollier (Lais. 1-2) En l'an de mon trentiesme aage, Que toutes mes hontes j'euz beues (Testament. 1-2) Freres humains qui apréz nous vivez, N'ayez les cueurs contre nous endurciz (Ballade des pendus, 1-2) L'effet de réel est le secret poétique de Villon, la clé de son art poétique qui consiste, en premier lieu, à nous faire croire qu'il n'y a pas d'art, que ce que nous lisons est vrai, qu'il n'y a pas de distance entre nous et la voix du poète.
Les articles réunis ici invitent les lecteurs de Villon à interroger son art, à voir l'effet de réel à l'oeuvre dans les poèmes, et à se demander comment l'art de Villon nous fait croire à son personnage et au monde qu'il représente. Chaque article sonde un aspect de l'effet de réel. Après les questions de la représentation et la référence et du jeu des noms propres dans l'oeuvre de Villon et la poésie de son temps (chap.
1-2), l'ordre du livre va de l'intérieur intime du langage et de la voix du poète (chap. 3-5) à la vision morale inspirée par la perspective du monde qui en résulte (chap. 6-7), puis au sens de sa mise en pages dans les manuscrits (chap. 8-9) et enfin à la vie narrative du je poétique dans les récits inventés à partir des poèmes (chap. 10).