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"Si donc vous m'en croyez, vous pouvez encore être sauvés. C'est aux femmes qu'il nous faut abandonner la cité" , dit Praxagora au peuple athénien (v. 209- 211). Pour sauver Athènes, les femmes, déguisées en hommes, proposent de changer les lois. Fatiguées de subir les conséquences de l'incompétence des hommes, les femmes, qui d'ordinaire s'occupent de diriger la maison, vont prendre le pouvoir. Tout est désormais mis en commun, les biens, les enfants, les partenaires sexuels : le pouvoir masculin, la propriété, le mariage sont abolis.
Fini le débat politique à l'assemblée, c'est l'économie du ménage qui triomphe. A condition de respecter les nouvelles lois, les hommes bénéficieront de l'administration des femmes : nourris, habillés, ils pourront s'adonner aux plaisirs de l'amour et de l'oisiveté, abandonnant la politique qui, dorénavant, est subordonnée au monde domestique. Comédie grinçante, dans laquelle Aristophane propose à ses concitoyens de rire de la corruption et de l'impéritie des dirigeants de la cité, de la mentalité d'assistés de l'ensemble du peuple, l'Assemblée des femmes, représentée en 392 avant notre ère, nous montre que le projet utopique d'une cité dirigée par des femmes, véritable monde à l'envers où le pouvoir est féminisé, est voué à l'échec.