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Quelques semaines après sa retentissante Lettre au roi, Jules Destrée préside la réunion constituante de l'Assemblée wallonne, le 20 octobre 1912, à Charleroi. "C'est en somme une sorte de parlement wallon qui est né" relate un chroniqueur de l'époque. "Organisme d'étude et de défense des intérêts wallons" , elle cherche à être "la représentation régionale" . Le drapeau wallon, le choix d'un jour pour la Fête de la Wallonie, la devise "Wallons toujours" sont des décisions bien connues de l'Assemblée wallonne.
Mais ses ambitions sont plus grandes. L'idée d'un Parlement wallon, même informel, est révolutionnaire. Elle va se heurter à de multiples objections. Quand, durant la Grande Guerre, les Allemands imposent la séparation administrative à la Belgique (mars 1917), ils sollicitent l'Assemblée wallonne pour qu'elle devienne leur interlocuteur privilégié : ils essuient un refus catégorique. Le même unanimisme n'est plus de mise après l'Armistice et la question du statut de la Wallonie dans une nouvelle Belgique divise les forces wallonnes.
Forum ouvert où toutes les options peuvent s'exprimer, l'Assemblée wallonne se transforme en un bastion unitariste qui prétend défendre les intérêts de la langue française en Flandre. Le 1er juillet 1923, les fédéralistes wallons quittent une instance qui a tourné le dos à la "tradition de 1912" . L'utopie d'un Parlement pour la Wallonie devra vaincre de nombreux autres obstacles encore avant de devenir réalité, quelques décennies plus tard.
A cent ans de distance, les questionnements et les arguments n'ont guère changé. Cette toute première monographie sur l'Assemblée wallonne permet de s'en rendre compte.