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Quelle est la vérité de l'aveu ? Y a-t-il même une vérité de l'aveu ? A ces deux questions historiens et philosophes ont longtemps été d'accord pour fournir des réponses parfois violemment antagonistes, le plus souvent convergentes - l'aveu traduit une victoire de la raison sur l'irrationnel et marque une étape décisive dans la longue histoire du progrès moral - mais qui toujours s'inspirent d'une approche éthique, doctrinale ou philosophique du problème.
Et qu'on s'en défende ou non, il est bien vrai que l'aveu évoque irrésistiblement un type de conduite, un état d'esprit même à l'égard duquel on ne peut être, d'instinct, qu'hostile ou favorable. Tout autre est la démarche suivie dans les essais ici rassemblés. Formulé par un petit groupe d'historiens spécialistes de l'Antiquité et du Moyen Age, le programme de la rencontre dont cc livre est le fruit a d'abord cherché à réunir un échantillon aussi riche que possible des différentes situations d'aveu, déployées sur un arc de temps qui va de l'âge grec archaïque jusqu'aux derniers siècles du Moyen Age.
Mais il convenait aussi de multiplier les angles de vue, d'élargir le spectre de l'aveu pour sortir du cercle suffocant des interprétations éthico-doctrinales. D'où l'appel lancé à des spécialistes des plusieurs disciplines, d'où surtout le choix de matériaux extrêmement variés où les textes que l'on appelle littéraires, les récits de toute espèce et les documents émanant des pratiques judiciaires et religieuses côtoient les formulations plus rationnelles du discours juridique et théologique.
Le résultat ? Non pas certes une histoire de l'aveu puisqu'aussi bien on s'est refusé dès le départ à le considérer comme un concept ou une notion transhistorique, mais plutôt, mises en perspective par le souci de faire un sort aux formes les plus significatives d'aveu, les figures d'une relation triangulaire où le sujet et son juge renvoient, chacun dans son langage, aux règles d'un être social qui détient lui, peut-être, les secrets de l'aveu.