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Ecrire des poèmes dont la belle sobriété agrandit la profondeur et la densité de la vie, faire que chaque ligne atteigne un état de simplicité tel que le poème devient une formidable caisse de résonances intérieures tout en restant ouvert sur l'immense dehors alentour. Pouvoir mettre ces poèmes entre les mains de n'importe qui, enfants laboureurs, grands lecteurs, curieux tout neufs, tenir compte de la pesanteur en faisant surgir la lumière, s'effacer derrière les mots tout en les incarnant avec humilité.
C'est ce que j'avais déjà aimé et admiré dans le premier livre d'Olivier Vossot, au titre si juste de réalité dilatée, Personne ne s'éloigne. Toutes ces qualités ne sont-elles pas celles que nous frôlons parfois, celles dont nous sommes en quête après un temps infini de tâtonnements ? Olivier Vossot parvient dès ses premiers poèmes à nommer cet " en deçà " des choses qui nous est donné tous les jours mais que nous savons rarement percevoir.
La part visible sous nos pieds, devant nos yeux, dedans nos mains, peupliers, ruisseaux, nuages, la part visible est honorée, autant que la part invisible, cette épaisseur dans l'air entre les êtres, remuements du vivant, poids du soir. Bien sûr, je pense à l'ami Antoine Emaz, je tressaille avec le pronom " on ", avec quelques verbes – présents, infinitifs, participes passés, conditionnels – quelques verbes qui savent comme la vie heurte et ruisselle en même temps, comme elle est calme mais pas tranquille, et consciente d'être aussi éphémère qu'éternelle.
Je pense à Antoine Emaz mais j'entends la voix d'Olivier Vossot, singulière, ténue, puissante. Ce deuxième livre prolonge le premier, il est de nouveau adressé au grand-père, et on retrouve le même subtil équilibre tendu entre la gravité des choses qui arrivent et l'immense douceur du regard porté sur elles. Olivier Vossot disparaît au milieu de ce qu'il regarde, yeux ouverts ou fermés, et c'est cette vie absorbée qui devient poème.
Dans " l'écart qui existe entre durer et tenir ". Albane Gellé