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Fin des paysans, crises agricoles, telles sont les représentations les plus communes sur les mondes agricoles. Au contraire, l'enquête ethnographique auprès des céréaliers de l'Est de la France présentée dans ce livre décrit un processus social large propre à de nombreux groupes sociaux bien au-delà de l'agriculture, celui d'embourgeoisement, compris non seulement comme un enrichissement, mais tout autant comme un sens donné à la mobilité sociale ascendante.
Au-delà de l'accumulation du capital économique qui en est la condition, l'embourgeoisement se révèle comme une mobilité sociale conservatrice, ici collective, respectueuse de l'ordre social et de la légitimité culturelle des dominants, mobilité ascendante que l'on peut opposer à d'autres formes de mobilité sociale comme celles associées par exemple à la gentrification. Ce livre décrit les mouvements de dépaysannisation initiés au début du XXe siècle et qui se sont prolongés jusqu'à l'embourgeoisement d'aujourd'hui.
L'enquête détaille alors les revenus et le patrimoine de ces agriculteurs, leurs pratiques de consommation et leurs engagements, leurs manières d'habiter et leurs vacances, leurs diplômes et le devenir de leurs enfants, pour finalement faire de ces céréaliers contemporains une des figures qui intègrent les nouvelles franges patrimoniales et économiques de la bourgeoisie. Cette ethnographie des classes sociales démontre, au-delà des discours sur la détresse paysanne, combien l'agriculture française est plurielle.