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Le confucianiste japonais Ogyû Sorai (1666-1728) nous a laissé une des oeuvres les plus remarquables de la pensée politique en Extrême-Orient. L'aspect novateur de sa pensée, certes, n'est pas immédiatement évident : chantre d'une communauté immuable dont chaque membre serait rivé à sa place, il cherche désespérément à renverser le courant historique qui incite la société urbaine dans laquelle il évolue à la contractualisation, à la compétition des stratégies individuelles et à la mobilité sociale.
Pourtant, et précisément parce qu'il veut échapper à une évolution qu'il sait naturelle et spontanée, Sorai est contraint de raconter une histoire qui paraîtra bien moderne. C'est l'histoire de la rupture entre les normes et les rituels humains d'une part et le monde naturel de l'autre, l'histoire d'une réalité construite où les croyances, affirmées comme les fruits du labeur humain, acquièrent une longévité à toute épreuve et garantissent la stabilité de la communauté.
Ce système d'approbation des rites abonde d'intuitions sur la définition de la vertu et la nature de la vérité qui seront rejointes à plus d'un titre par le pragmatisme anglo-saxon, l'herméneutique et la philosophie analytique. Ainsi sa théorie des rites confère-t-elle à la pensée d'Ogyû Sorai une pertinence universelle pour l'histoire de la philosophie politique. Olivier Ansart lui consacre la première étude exhaustive en Occident.