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Philippe Pichon associe dans ses recueils l'intime et le silence : tenir une forme de Journal poétique pour faire front, pour résister aux noirceurs de l'époque. Ecrire dans l'accueil de ce qui vient _ : la maladie, la vieillesse ou la joie, saluer la beauté passagère, la maigre euphorie, étreindre la vie si fragile et fugitive soit-elle. C'est ce que tente le poète lyrique dans cette trilogie au format paysage, composé de Aux basaltes de l'âge dédié à Hélène Cadou, de ce spicilège dédié à Jean-Pierre Lemaire et de La joue pas rasée de la solitude dédié à James Sacré à paraître en 2022.
Dans ce second tome, L'Ephémère en héritage, nous assistons à une résurgence de rimes internes nourrissant des cadences variées, émotionnellement secouées de sinuosités vertigineuses : "Je m'élève et je plonge" ; "Je te croyais falaise et tu n'étais que plage" ; "je te voulais basalte et tu n'étais qu'argile". Un "je" blessé, endeuillé, prisonnier, nostalgique ou conscient s'exprime et nous nous identifions à lui autant qu'à la terre, l'arbre ou l'enfance, le paysan, le soldat ou tous ces êtres chers...
car par leur tutoiement le poète nous interpelle ! "Après la montagne au tremplin décevant", le guide de haute-nature se décrète "chasseur de Bleu". Il n'est plus ni le berger qui cherchait les orages, ni l'oiseleur lyrique synonyme de leurres, non il quête à présent la lumière de "mille soleils étroits" révélant ce bleu en toutes choses, comme un espoir fluctuant, un dernier "sursaut (...) du silence harassé", éventuel correctif au mauve de la perte, de la solitude et des mirages.