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Rien ne me prédisposait à sympathiser avec René Quibel. Un soir, il me remit une grosse enveloppe. Un truc que j'ai écrit, dit-il, j'aimerais que tu y jettes un oeil. Je suis rapidement tombé sur des passages scabreux d'une crudité tout sauf érotique. Une pornographie truculente, quasi rabelaisienne, une obscénité assumée. "Je voudrais que tu fasses publier mon roman". Ca se passe en France, l'année prochaine ou l'année d'après, mais aussi les années d'avant.
La France n'est pas tout à fait la nôtre, mais pas loin. René aime les femmes, c'est indéniable. Surtout l'idée qu'il s'en fait. Ce n'est pas un héros. Pas un modèle non plus. Incapable de se fixer, il balade une certaine nonchalance dans ses liaisons comme dans ses ruptures, une grande passivité aussi. De la lâcheté sans doute. Le bon sens, la sagesse même, voudrait qu'on ne juge pas un livre à sa couverture ou à son résumé, ni sur ce qu'en dit l'auteur.
N'empêche, on m'aurait demandé mon avis, je l'aurais intitulé Comme un chien dans un jeu de filles, j'aurais collé L'Origine du Monde sur la couv et un avertissement sur la 4 précisant que L'Erotisme des Autres n'est pas à mettre entre toutes les mains.