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La plupart des études consacrées aux systèmes politiques africains sont trop générales pour ne pas éviter de surévaluer tantôt la dimension de l'intégration nationale, tantôt les phénomènes de domination sociale. La prégnance de la tradition, l'exigence de la modernisation et du consensus, le poids de la coercition et de la dépendance sont alors sensés représenter des facteurs explicatifs suffisants.
Mais, ainsi, la réalité politique en Afrique noire, en particulier dans ce qu'elle a de dynamique et de conflictuel, n'est pas reconnue. D'où la nécessité d'analyser en profondeur les systèmes politiques du continent : ici, le régime camerounais. S'appuyant sur une large documentation primaire, et notamment sur certaines archives du parti unique, jusqu'à présent inexploitées, l'auteur démonte les étapes de la construction du régime, ses modes de fonctionnement, son rapport aux groupes sociaux.
Dissipant les simplifications abusives dont a fait l'objet le gouvernement Ahidjo, l'un des plus controversés de l'Afrique francophone, il parvient à cette conclusion qu'il existe au Cameroun une vie politique singulièrement complexe et lourde de sens : l'Etat postcolonial, s'il s'inscrit bien évidemment au coeur du système économique mondial, n'est cependant intelligible que mis en relation avec les sociétés précoloniales.
En d'autres termes, la colonisation et la dépendance ne sont que des rebondissements dans l'historicité propre des sociétés noires. Par-delà l'analyse d'un régime, c'est une réflexion sur l'Etat et le politique en Afrique qui s'esquisse.