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Lorsque Matthieu le Juge, un homme de Loi, décide de s'adresser en grec à sa communauté de Judéo-Chrétiens, il dispose déjà d'un texte écrit pour des Juifs par Matthieu le publicain, le Scribe, compagnon de Jésus qui compte 265 versets en araméen décrivant la passion de Jésus et sa prédication basée sur trois cycles d'enseignements, et 250 versets de commentaires grecs commentant paragraphe par paragraphe le canevas araméen primitif.
Matthieu le Juge prend la plume après les premières persécutions et les disparitions dramatiques de Pierre et Paul (63-65). Comme saint Luc, il complète son Evangile par des enseignements de Jésus (dits : la Deuxième source), sous la forme de cinq grands discours de Jésus : une nouvelle Torah, le sermon sur la montagne ou Béatitudes ; les instructions aux Douze ; le plus grand dans le Royaume de Dieu ; le discours aux foules et aux disciples ; la justice du Royaume de Dieu.
Ces cinq discours ont pour effet de distendre la prédication primitive mais l'ordre en a été scrupuleusement conservé. Matthieu le Juge complète certes l'enseignement de Jésus, mais il nous décrit aussi le règlement intérieur des premières communautés : comment prier, comment accueillir les nouveaux convertis, comment régler dissensions et grands ou petits scandales, comment se pardonner mutuellement...