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Dans mes années de jeunesse, j'étais bien loin de me poser la question : pourquoi, mon père m'envoie-t-il travailler dans un lieu à l'appellation sinistre : l'Homme Mort ? Les besoins de l'époque et du machinisme agricole naissant me conduisaient là, bon an mal an, pour échardonner, pour épandre du fumier, pour faner ou pour confectionner des tas de gerbes. L'âge avançant, je me suis interrogé sur le toponyme, désormais balayé par le remembrement et la solution de l'énigme a éclaté sur le meurtre commis là en 1833, grâce à quelques traces généalogiques fournies par mon épouse.
La magie du roman donne toute son ampleur pour retracer les tenants et aboutissants de cette sombre affaire et les mésaventures vécues par le meurtrier, en devançant quelque peu l'ouverture du bagne de Guyane, où tant de condamnés, parfois pour des broutilles, connurent des heures abominables. Reste le remords de l'acte accompli, sans doute dans un excès de colère, qui poursuit sa vie durant le coupable et qu'illustre parfaitement le vers de Victor Hugo : " l'oeil était dans la tombe et regardait Caïn ".